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Inventaires
Expositions de la Maison René-Ginouvès, Archéologie et Ethnologie Français
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Aspects symboliques

À l'exception de ce qui peut transparaître dans l'art, le symbolisme est difficilement accessible à travers les données auxquelles nous avons directement accès en préhistoire.
Les sociétés pastorales d’Extrême-Orient sibérien dépendent de leurs rennes. Elles ont pour trait commun de construire le monde et la société sur une véritable symbiose entre l’homme et l’animal, lequel , par sa fourrure, sa chair, sa graisse, ses tendons, son sang circule dans toutes les sphères du social. Objet principal de la domestication, le renne apparaît ainsi comme un archétype de comportement pour les humains dans des domaines comme l’organisation sociale, la filiation, les rapports hommes femmes ou encore les pratiques ludiques.
Fondé sur l’observation minutieuse des différents types d’interactions apparaissant au sein des troupeaux, ainsi que sur l’imitation des conduites corporelles du renne, ce processus de modélisation s’inscrit dans une « logique d’élevage » sibérienne. Celle-ci place humains et animaux dans un rapport de réciprocité et d’interdépendance, où les pratiques des uns font écho à celles des autres, en même temps qu'ils sont à égalité dans le grand système où chaque espèce trouve sa place.
C’est en contexte rituel que s’exprime le mieux l’idée d’une prééminence du « modèle renne » dans les représentations religieuses des peuples d’élevage sibériens. En effet, le renne (et ses différentes figurations ou représentations) se retrouve non seulement dans les nombreuses séquences internes qui ordonnent les rites d’élevage, mais il en est aussi le moteur externe principal, puisque c’est le cycle naturel des troupeaux domestiques qui détermine pour une grande part le calendrier rituel.

Techniques

En archéologie, l’étude de la culture matérielle a longtemps privilégié les artefacts à travers les questions relatives aux chaînes opératoires de fabrication, à la fonction et au mode de fonctionnement des outils. En revanche, sont moins bien connues les conditions de mise en œuvre, qui traduisent des choix de procédés.
En Sibérie, la majorité des activités restent domestiques, ce qui permet d’observer dans toutes ses composantes un système technique servant un mode de vie par certains points comparables à celui des nomades du Paléolithique final, comme, par exemple, la mise en œuvre d'outils en pierre.
Aujourd’hui, chasse du renne sauvage et élevage du renne domestique sont deux modes d’acquisition complémentaires. La chasse peut se pratiquer seul selon des techniques traditionnelles. En groupe, lors des migrations d’automne ou de printemps, elle est l’occasion de renforcer les liens sociaux. L’élevage est l'activité qui structure l'organisation des groupes, alors même que les attentions à porter au troupeau varient selon les saisons et la qualité des pâturages. Pour chaque utilisation de traction ou de monte, ou pour être abattus, les rennes domestiques sont capturés au lasso, moment essentiel dans la relation éleveur/renne, où s'expriment de multiples compétences. Lorsqu’il doit être consommé, le renne est abattu par les hommes. La découpe, quant à elle, peut, selon les régions et les circonstances, rester l'apanage des hommes ou être effectuée par tous. Tout dans le renne est utilisable, à fin alimentaire ou technique.
De même que l'élevage est l'activité valorisante des hommes, le travail des peaux, destinées à la fabrication des couvertures d’habitation ou des vêtements, est l'activité valorisante des femmes, depuis la fabrication des grattoirs en pierre utilisés en Tchoukotka et Kamtchatka jusqu’à la décoration des vêtements. Les hommes interviennent dans la sellerie ou le travail des peaux plus dures comme celles de l’élan ou de l’ours.
Si le temps est structuré par certaines activités prépondérantes qui donnent sa nature spécifique au système technique, les moments intermédiaires sont utilisés pour réaliser des tâches apparemment annexes mais tout aussi nécessaires à la vie du groupe, et tout aussi partie prenante du système technique. Il existe différents type d’utilisation des matériaux offrant des degrés d'investissement variables, adaptés aux objectifs. Ainsi, le bois peut-être complètement transformé (vaisselle rituelle en bois de bouleau), simplement préparé (perches constituant l’armature de l’habitation, et soigneusement transportées d’étape en étape), ou utilisé en l'état (bois de chauffe). Ces différentes utilisations sont des marqueurs environnementaux forts qui, tout autant que des artefacts, expriment des choix techniques.

Santé et comportements alimentaires

Dans le nord de la Sibérie, une grande part de l'alimentation provient de l'exploitation du renne, qui apparaît aussi prépondérante dans l'alimentation paléolithique. Cette consommation renforce les liens entre l'homme et l'animal, selon le principe que "nous sommes ce que nous mangeons". Tout dans le renne se mange, depuis les œstres qui se développent sous la peau jusqu'aux sabots, en passant par le velours qui couvre ses bois. En fonction des morceaux, la consommation peut se faire crue, séchée, fermentée ou bouillie, en même temps que sont attribuées des valeurs ajoutées ou des interdits selon la partie concernée.
Quoique moins valorisée, la part du poisson dans l'alimentation est essentielle et toujours présente. Mais plus le nomadisme familial fait place à une transhumance qui accompagne une certaine sédentarisation, et donc un accès plus occasionnel au troupeau, plus cette part est importante. Le poisson se mange cru, gelé, séché, fumé ou bouilli.
La part de nourriture liée au végétal, varie considérablement selon les écosystèmes végétaux. Mais dans l'ensemble, la végétation naturelle est aujourd'hui peu exploitée, hormis les baies à l'automne et certaines plantes utilisées dans la cuisine rituelle.
La très faible diversité d'aliments offerte aux populations ne va pas a priori sans soulever des questions relatives aux diètes et à leurs implications sur l'état sanitaire des populations. L’analyse des comportements alimentaires offre l’avantage de relier l’homme à son écosystème, d'aider à percevoir les modalités de son adaptation et saisir les transformations induites par les mutations socio-économiques.
La capacité du renne à s'adapter aux conditions arctiques et péri-arctiques mérite une étude approfondie. La composition en isotopes stables du carbone et de l’azote des tissus d'un mammifère herbivore rend compte de son alimentation et de l’habitat dans lequel il évolue. Or, la Sibérie est une région de forts contrastes aussi bien pour le paysage végétal que pour l’ambiance climatique. L’adaptation du renne à ces différents contextes environnementaux peut être estimée par des analyses isotopiques réalisées sur son poil, travail qui permettra de préciser les interprétations élaborées à partir de l'analyse des matières animales préhistoriques.

Vivre avec les rennes. Adaptations biologiques et culturelles : le système renne

L’exposition a été réalisée par la Maison René-Ginouvès (UMS 844) à l’initiative de Claudine Karlin Archéologue (Equipe Ethnologie préhistorique, UMR 7041) durant le printemps 2004.
Conception, numérisation, tirages : Martine Esline (MAE, UMS 844).
Textes : ACI (UMR 6130).
Présence d'une convention de prêt de l'exposition et d'une lettre (2008).

Texte d'introduction
"L’âge du Renne
En contexte préhistorique, le degré de mobilité des groupes humains témoigne directement des modes d’exploitation des territoires. La définition du degré de mobilité permet donc, selon toute vraisemblance, d’appréhender l’extraordinaire adaptation des hommes aux évolutions climatiques majeures qu’a connu la Terre au cours du Quaternaire. La reconstitution des formes de la mobilité est fondée sur la caractérisation fonctionnelle des sites, sur la possibilité de différencier leurs statuts respectifs et leur place dans les stratégies de subsistance, de les lier ainsi les uns aux autres pour reconstituer un modèle d’organisation économique et sociale.

A la fin du Paléolithique, pendant plusieurs millénaires, alors que des conditions climatiques assez drastiques règnent en Europe occidentale, la chasse du Renne semble souvent au cœur de l'économie de subsistance. De ce fait, la traque de cet animal a été systématiquement posée comme le fondement de l’organisation logistique des chasseurs, les autres activités de collecte des denrées végétales et carnées étant considérées comme complémentaires et éventuellement saisonnières. Le degré de mobilité des groupes serait alors liée aux comportements et notamment aux migrations des rennes eux-mêmes.

Les systèmes techniques relevant de ce mode économique, en apparence standardisé, présentent une palette de modalités que l’on peut mettre en relation, entre autres, avec le contexte environnemental, en même temps qu'elle traduit une diversité des organisations sociales. Compte tenu des imprécisions chronologiques propres à ces périodes, il est souvent difficile de distinguer ce qui procède des stratégies d’adaptation à des conditions écologiques particulières (changements climatiques ou particularités géographiques) de ce qui procède de choix culturels.
Les économies du renne, aujourd’hui

Les économies du renne, aujourd’hui
L’immense territoire de la Sibérie permet encore d'observer les comportements d’Hommes et d’animaux évoluant dans des biotopes comparables à ceux des périodes préhistoriques considérées ci-dessus. Par ailleurs, qu'il s'agisse des domaines techniques, sociaux ou symboliques, l’ensemble des traditions des communautés indigènes (Tchouktches, Koriaks, Evenks, Dolganes,…) est fondé sur l’omniprésence du renne.

Pourtant, des différences majeures de logistique et d’organisation peuvent être perçues : elles sont liées pour partie aux spécificités culturelles affichées par les différents groupes mais aussi aux importantes variations des conditions écologiques rencontrées dans cette zone. En effet, entre 63° et 70° de latitude nord, les variations climatiques sont considérables, reproduisant peu ou prou la diversité des biotopes fréquentés par les paléolithiques lors des épisodes froids du Quaternaire. Chacune des biozones présente sa propre spécificité, avec ses contrastes saisonniers et ses ressources potentielles, spécificité primordiale en terme de stratégie de subsistances, puisqu’elle se décline différemment dans le temps et dans l’espace selon que l’on se trouve dans un écosystème ou dans un autre. Il en va de même pour les systèmes techniques et symboliques.

Le monde sibérien permet de faire varier, selon le lieu d'enquête, différents paramètres qui influent sur les systèmes fondés sur l’exploitation du renne. L’objectif du projet est d’élaborer des modèles actualistes interdisciplinaires susceptibles d’être utilisés pour la compréhension des systèmes préhistoriques présentant le même tropisme vers cet animal. Une analyse ethno-archéologique systémique cherche à identifier des faits et des catégories perceptibles à travers les données fournies par l’archéologie (diètes, structures évidentes et latentes, cultures matérielles, représentations symboliques) en observant les réseaux de liens qu'ils entretiennent avec l'ensemble du système vivant.

Les missions au cours desquelles ont été prises ces photographies ont été largement soutenues par l'Institut Français pour la Recherche et la Technologie Polaire (IFRTP), aujourd'hui Institut Paul Emile Victor (IPEV), et aidée, pour Ethno-Renne, par le Ministère des Affaires Étrangères. C'est sur l'ensemble des résultats obtenus qu'a été construit l'ACI TTT Adaptations biologiques et culturelles, le système renne, à laquelle participent des archéologues, des anthropologues, des ethnologues."

Environnement et mobilité

En préhistoire, la reconstitution des formes de la mobilité est fondée sur la caractérisation fonctionnelle des sites, sur la possibilité de différencier leurs statuts respectifs et leur place dans les stratégies de subsistance exploitant un environnement partiellement identifié. Dans les limites du cercle polaire, la toundra correspond aux grandes plaines septentrionales semées de marécages et de lacs. Un fragile lichen est la seule végétation qu'autorise un permafrost profond et durable. Dans les vallées fluviales pousse un couloir forestier de bouleaux nains et de cèdres rampants. Au sud, la toundra arborée présente de claires forêts de mélèzes et de bouleaux. Lui succède progressivement la taïga couverte de forêts de conifères et de feuillus. Partout, des hivers très longs et rigoureux sont suivis d’une belle saison courte.
Le renne est l’animal du grand nord car ses propriétés biologiques lui permettent de supporter les basses températures, et il sait, en s'aidant d'un sabot, chercher les lichens sous l'épais manteau de neige. Par ailleurs, une grande variété de poisson peuple les lacs et les rivières.
Face à des environnements hostiles, le renne et l’homme ont lié leurs existences, pratiquant ensemble le seul mode de vie possible, migration/nomadisation. Le rythme et la nature de ce mouvement varient en fonction de la latitude et des saisons. Partout, en dépit de la motoneige, les rennes restent le principal moyen de locomotion. Certains groupes montent régulièrement ou occasionnellement leurs rennes. Tous circulent en traîneau. Lors de la nomadisation, attelés en nombre variable selon le type de chargement, mais aussi la saison, les rennes transportent hommes et biens.
Dans toute la Sibérie, la peau de renne reste la matière première essentielle des couvertures d’habitation, dont les techniques de fabrication varient : peaux d’hiver ou d’été, telles que, tondues ou tannées, etc. La forme de l’habitation varie elle aussi : conique pour le tchoum, ou rectangulaire, cylindrique à voûte hémisphérique pour la yaranga tchouktche ; caravane montée sur patin pour le balok dolgane.
Le nomadisme se fait en groupe plus ou moins important selon les saisons, fonction à la fois des capacités de l’environnement à subvenir aux besoins des hommes, mais aussi de l’intensité des soins à porter au troupeau domestique dont le comportement change tout au long de l’année. Lorsqu’il y a plusieurs cellules familiales, leur positionnement les unes par rapport aux autres varie en fonction de la saison ou de la région, mais reste toujours significatif de la structuration sociale du groupe. De grands rassemblements marquent l'arrivée du printemps et celle de l'hiver.
Dans la mesure où il est possible d’identifier différentes variables environnementales, l’étude cherche à cerner la manière dont les groupes répondent à chacune de ces contraintes, et à identifier les corrélations existantes entre le degré de contrainte de l’environnement (même saisonnier), la taille du groupe, et le degré de mobilité.

Reconstitution de l'habitat néolithique à Khirokitia (Chypre)

L'exposition a été conçue et réalisée par Alain Le Brun, Odile Daune-Le Brun (UMR7041, ethnoarchéologie), Fouad Hourani (UMR7041, micromorphologie) et Martine Esline (MAE, UMS 844) au cours de l'été 2002. L'auteur des textes et des légendes est Odile Daune-Le Brun.

Texte d'introduction d' Odile Daune-Le Brun
"Daté du 7 ème millénaire avant J.C. (dates calibrées), le site de Khirokitia, illustre la réussite de l'installation, sans doute dès avant la fin du 9 ème millénaire, sur l'île de Chypre de communautés d'agriculteurs – éleveurs. Il représente l'apogée de ce que l'on appelle le Néolithique pré céramique chypriote.
Les vestiges architecturaux mis au jour donnent la pleine mesure de l'exceptionnelle maîtrise technique des habitants de Khirokitia tant dans le domaine des constructions d'intérêt général — murs d'enceinte successifs, dispositifs d’accès— que dans celui des constructions privées, habitations de plan circulaire, au toit plat.
L’ampleur , la qualité de ces vestiges, le caractère exceptionnel de certains éléments et enfin leur bon état de conservation d’une part, et le développement du tourisme d’autre part, ont décidé le Département des Antiquités de la République de Chypre à entreprendre à partir de 1994 un programme de protection et de mise en valeur du site.
La mission archéologique de Khirokitia (CNRS - ministère des Affaires étrangères, directeur Alain Le Brun - UMR7041) fut tout naturellement appelée à collaborer à la réalisation de ce projet, en particulier pour l’édification, au pied de la colline, en dehors de la zone occupée par les vestiges archéologiques, d'une réplique grandeur nature de constructions dégagées par la mission française : un tronçon du mur d'enceinte, un des dispositifs d'accès au village et cinq éléments d'habitations.
Khirokitia a été inscrit, en 1998, par l’UNESCO au patrimoine mondial.

Ethnoarchéologie et micromorphologie

Ces reconstitutions ont été réalisées dans une optique ethno-archéologique, en confrontant “en direct” les interprétations proposées à partir des données archéologiques aux solutions techniques de l’architecture traditionnelle de Chypre. Elles sont le résultat d’une collaboration étroite, sur le terrain, entre des archéologues et des maçons ayant, eux, une longue expérience de l'utilisation, dans un même contexte géographique et climatique, des mêmes matériaux de construction qu'au néolithique : pierre, terre et végétaux.
L’intérêt de cette démarche a été de proposer des solutions techniques éprouvées en réponse à des problèmes spécifiques (exemple: la fabrication de briques crues sans moule ou celle d’un cerclage à partir d’une canne), de soulever des problèmes inattendus (exemple : la composition d’un badigeon), d’appréhender avec un nouveau regard la documentation archéologique et de poser de nouvelles questions, en particulier concernant la terre à bâtir.
L’examen attentif et en direct des différentes phases de fabrication de la terre à bâtir a montré qu’il existe, dans les pratiques traditionnelles de Chypre, des relations entre le choix des matériaux utilisés (sédiments et stabilisants), les techniques de fabrication (préparation des matériaux, pourcentage des différents composants, degré de malaxage et d'humidification) et l’emploi projeté (briques, mortiers, toiture, enduits ...)
En était-il de même au Néolithique ?
Pour répondre à cette question il était nécessaire de revenir aux documents archéologiques : associée à l’analyse des macrorestes et des empreintes de végétaux, la micromorphologie, qui s’attache à la fois à caractériser les matériaux (sédiments et végétaux) et à analyser les relations existant entre eux, a permis de toucher au plus près les techniques de fabrication de la terre à bâtir."

On notera que les tirages photographiques papier de l'exposition ne sont pas conservés au service des archives.

Région à l'époque actuelle

La côte nord équatoriale est longtemps restée en marge du monde moderne de la Colombie et de l’Equateur. Très souvent, les entreprises qui s’y établissent ne cherchent qu’à l’exploiter en extrayant l’or alluvial, en abattant la forêt pour vendre les bois précieux, ou en exportant les produits de la pêche, tout en laissant les populations locales dans un sous-développement critique. Depuis peu, de nouvelles espérances sont nées de cultures comme la palme à huile ou l’élevage de crevette d’aquaculture. Dans ces deux cas, les milieux naturels sont détruits pour planter des palmiers ou creuser des bassins, en arasant au passage les sites archéologiques. Si certaines de ces nouveautés s’avèrent rentables au début –surtout pour les investisseurs lointains-, beaucoup périclitent vite sans apporter aux populations locales la prospérité qu’ils espéraient. Il est à craindre qu’à terme, il ne reste qu’un milieu très endommagé et des populations encore appauvries. On souhaiterait que l’homme moderne sache, lui aussi, trouver les voies de développement menant à un équilibre tel que celui qu’avaient atteint les anciennes populations amérindiennes.

Vestiges matériels

L’art plastique de figurines et récipients anthropomorphes n’était pas destiné à la vie quotidienne : il avait surtout des usages beaucoup plus reliés à des ensembles de rites, funéraires, chamaniques, voire religieux. Dans la plupart de ces représentations, la frontalité se conjugue très souvent à des attitudes statiques. La symétrie est le plus souvent parfaite. Les pieds sont au même niveau, les jambes droites et raides, les bras sont fréquemment plaqués le long du torse ou détachés du tronc, maintenus à mi-hauteur. Les personnages assis sont le plus souvent placés sur un petit siège bas et dans une posture droite, les mains reposant sur les cuisses ou sur les genoux. Certains tiennent les objets d’usage habituel dans la mastication de la coca : le poporo (récipient à chaux) et l’aiguille ou l’instrument oblong servant à extraire cette chaux du récipient. Moins souvent, les personnages sont assis à même le sol, les jambes croisées « en tailleur » ou en position dite « du lotus », comme c’est le cas du récipient « canastero », associé à une figurine anthropomorphe qui semble ainsi porter dans son dos une hotte.

L’orfèvrerie
L’orfèvrerie de Tumaco La Tolita est sans doute la plus ancienne des Andes du nord. Elle se compose quasi-exclusivement de pièces réalisées en or, mais parfois, celui-ci contient en faible proportion du platine que les orfèvres parvenaient ainsi à travailler en l’incluant à l’or en fusion. Une grande part des objets correspond à des éléments de parure et à des ornements corporels et faciaux. Ces vestiges proviennent des sépultures où ils étaient déposés en offrandes funéraires, certains furent auparavant utilisés par les défunts, comme ornements et insignes de pouvoir. On connaît toutefois quelques objets utilitaires : aiguilles à chas, épingles, poinçons, agrafes, hameçons…Les techniques employées pour la fabrication font surtout appel au martelage, impliquant un fréquent « recuit » des objets en cours de fabrication. Les orfèvres maîtrisaient aussi parfaitement les techniques d’assemblage par emboîtage et aussi par soudure. Sur les éléments élaborés à partir de plaques de métal, le décor était souvent fait par repoussé, pratiqué depuis l’arrière de l’objet mais aussi parfois depuis la face avant. Les orfèvres fabriquaient aussi des objets composites, mêlant des parties réalisées avec des ors de diverses couleurs, contenant plus ou moins d’inclusions de cuivre, d’argent ou de platine.

Sites et fouilles

La culture Tumaco La Tolita caractérise, à partir de 300 av. J.C. environ, par l'hégémonie de La Tolita, centre politique et religieux qui domina le littoral jusqu’à environ 300 ap. J.C. Son influence culturelle paraît avoir été très liée à un fort pouvoir politique et religieux. L'importance des rites funéraires amena ces populations préhispaniques à créer dans l’île de La Tolita une vaste nécropole pour les défunts faisant partie de l’élite.

Les sites archéologiques
Les principaux sites archéologiques sont repérables par les monticules artificiels, appelés tolas, qui pointent dans le paysage. Certains niveaux d’occupation ancienne se trouvent toutefois sous le niveau où furent construits les monticules. Mais, assez fréquemment, la stratigraphie révèle une réoccupation des mêmes sites. Une constante dans les modèles d’établissement est la proximité de cours d’eau, permettant les déplacements aquatiques de la population préhispanique. L’habitat traditionnel moderne réplique ce même modèle, quand il ne préfère pas construire en bordure des rares chemins terrestres. Les découvertes des archéologues ont surtout porté sur des sites d’habitat. Les sites funéraires ont été longuement pillés. En raison de la proximité de l’eau, et de la remontée des nappes phréatiques lors des hautes mer, les niveaux les plus anciens sont souvent difficiles à fouiller, dans un sédiment boueux où il faut pomper l’eau en permanence. Il existe aussi des sites agricoles qui aménagent de zones marécageuses ou humides. L’eau est drainée par des canaux qui la collectent vers les cours d’eau, la terre extraite lors du creusement sert à créer des talus bas, les billons, où il est possible de cultiver sans craindre les inondations. Ce système appelé « camellones de cultivo » est très largement employé dans l’Amérique préhispanique et celui de la région Tumaco La Tolita serait l’un des plus anciens exemples de cette agriculture.

Milieu naturel

Cette région littorale est caractérisée par l’omniprésence de l’eau : océan, cours d’eau et estuaires, mais aussi marécages et lagunes, contribuent à donner l’impression d’un monde amphibie, où l’eau est toujours proche des espaces formant l’habitat des populations indigènes et modernes. Le milieu naturel terrestre se compose d’une dense forêt équatoriale humide, que l’homme doit défricher pour s’installer. Le long de la côte, une barrière de mangrove s’élève entre l’océan et la forêt : les palétuviers rendent l’accès à la terre ferme, voire impossible. On doit franchir cette mangrove en naviguant dans les chenaux de marée pour atteindre les sites établis en bordure de cours d’eau. De nos jours, il existe toutefois quelques voies modernes permettant aussi des déplacements terrestres, qui restent souvent malaisés. Formant l’une des régions les plus pluvieuses du monde, cette côte chaude et humide a souvent paru hostile et peu propice aux établissements humains, mais cette vision relève sans doute plus de préjugés d’occidentaux venant de climats plus tempérés. À diverses époques, les indigènes amérindiens et les afro-américains ont su y maintenir des occupations plutôt stables et parfois prospères. En particulier, l’archéologie a montré que ces terres, réputées peu propices à l’agriculture, pouvaient être exploitées intensivement, à condition de savoir les drainer au moyen de billons. Avec de tels aménagements, il est possible de produire du maïs, du manioc et autres plantes vivrières en assez grandes quantités pour assurer l’alimentation des groupes locaux.

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