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Inventaires
Expositions de la Maison René-Ginouvès, Archéologie et Ethnologie
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Vivre avec les rennes. Adaptations biologiques et culturelles : le système renne

L’exposition a été réalisée par la Maison René-Ginouvès (UMS 844) à l’initiative de Claudine Karlin Archéologue (Equipe Ethnologie préhistorique, UMR 7041) durant le printemps 2004.
Conception, numérisation, tirages : Martine Esline (MAE, UMS 844).
Textes : ACI (UMR 6130).
Présence d'une convention de prêt de l'exposition et d'une lettre (2008).

Texte d'introduction
"L’âge du Renne
En contexte préhistorique, le degré de mobilité des groupes humains témoigne directement des modes d’exploitation des territoires. La définition du degré de mobilité permet donc, selon toute vraisemblance, d’appréhender l’extraordinaire adaptation des hommes aux évolutions climatiques majeures qu’a connu la Terre au cours du Quaternaire. La reconstitution des formes de la mobilité est fondée sur la caractérisation fonctionnelle des sites, sur la possibilité de différencier leurs statuts respectifs et leur place dans les stratégies de subsistance, de les lier ainsi les uns aux autres pour reconstituer un modèle d’organisation économique et sociale.

A la fin du Paléolithique, pendant plusieurs millénaires, alors que des conditions climatiques assez drastiques règnent en Europe occidentale, la chasse du Renne semble souvent au cœur de l'économie de subsistance. De ce fait, la traque de cet animal a été systématiquement posée comme le fondement de l’organisation logistique des chasseurs, les autres activités de collecte des denrées végétales et carnées étant considérées comme complémentaires et éventuellement saisonnières. Le degré de mobilité des groupes serait alors liée aux comportements et notamment aux migrations des rennes eux-mêmes.

Les systèmes techniques relevant de ce mode économique, en apparence standardisé, présentent une palette de modalités que l’on peut mettre en relation, entre autres, avec le contexte environnemental, en même temps qu'elle traduit une diversité des organisations sociales. Compte tenu des imprécisions chronologiques propres à ces périodes, il est souvent difficile de distinguer ce qui procède des stratégies d’adaptation à des conditions écologiques particulières (changements climatiques ou particularités géographiques) de ce qui procède de choix culturels.
Les économies du renne, aujourd’hui

Les économies du renne, aujourd’hui
L’immense territoire de la Sibérie permet encore d'observer les comportements d’Hommes et d’animaux évoluant dans des biotopes comparables à ceux des périodes préhistoriques considérées ci-dessus. Par ailleurs, qu'il s'agisse des domaines techniques, sociaux ou symboliques, l’ensemble des traditions des communautés indigènes (Tchouktches, Koriaks, Evenks, Dolganes,…) est fondé sur l’omniprésence du renne.

Pourtant, des différences majeures de logistique et d’organisation peuvent être perçues : elles sont liées pour partie aux spécificités culturelles affichées par les différents groupes mais aussi aux importantes variations des conditions écologiques rencontrées dans cette zone. En effet, entre 63° et 70° de latitude nord, les variations climatiques sont considérables, reproduisant peu ou prou la diversité des biotopes fréquentés par les paléolithiques lors des épisodes froids du Quaternaire. Chacune des biozones présente sa propre spécificité, avec ses contrastes saisonniers et ses ressources potentielles, spécificité primordiale en terme de stratégie de subsistances, puisqu’elle se décline différemment dans le temps et dans l’espace selon que l’on se trouve dans un écosystème ou dans un autre. Il en va de même pour les systèmes techniques et symboliques.

Le monde sibérien permet de faire varier, selon le lieu d'enquête, différents paramètres qui influent sur les systèmes fondés sur l’exploitation du renne. L’objectif du projet est d’élaborer des modèles actualistes interdisciplinaires susceptibles d’être utilisés pour la compréhension des systèmes préhistoriques présentant le même tropisme vers cet animal. Une analyse ethno-archéologique systémique cherche à identifier des faits et des catégories perceptibles à travers les données fournies par l’archéologie (diètes, structures évidentes et latentes, cultures matérielles, représentations symboliques) en observant les réseaux de liens qu'ils entretiennent avec l'ensemble du système vivant.

Les missions au cours desquelles ont été prises ces photographies ont été largement soutenues par l'Institut Français pour la Recherche et la Technologie Polaire (IFRTP), aujourd'hui Institut Paul Emile Victor (IPEV), et aidée, pour Ethno-Renne, par le Ministère des Affaires Étrangères. C'est sur l'ensemble des résultats obtenus qu'a été construit l'ACI TTT Adaptations biologiques et culturelles, le système renne, à laquelle participent des archéologues, des anthropologues, des ethnologues."

Vestiges matériels

L’art plastique de figurines et récipients anthropomorphes n’était pas destiné à la vie quotidienne : il avait surtout des usages beaucoup plus reliés à des ensembles de rites, funéraires, chamaniques, voire religieux. Dans la plupart de ces représentations, la frontalité se conjugue très souvent à des attitudes statiques. La symétrie est le plus souvent parfaite. Les pieds sont au même niveau, les jambes droites et raides, les bras sont fréquemment plaqués le long du torse ou détachés du tronc, maintenus à mi-hauteur. Les personnages assis sont le plus souvent placés sur un petit siège bas et dans une posture droite, les mains reposant sur les cuisses ou sur les genoux. Certains tiennent les objets d’usage habituel dans la mastication de la coca : le poporo (récipient à chaux) et l’aiguille ou l’instrument oblong servant à extraire cette chaux du récipient. Moins souvent, les personnages sont assis à même le sol, les jambes croisées « en tailleur » ou en position dite « du lotus », comme c’est le cas du récipient « canastero », associé à une figurine anthropomorphe qui semble ainsi porter dans son dos une hotte.

L’orfèvrerie
L’orfèvrerie de Tumaco La Tolita est sans doute la plus ancienne des Andes du nord. Elle se compose quasi-exclusivement de pièces réalisées en or, mais parfois, celui-ci contient en faible proportion du platine que les orfèvres parvenaient ainsi à travailler en l’incluant à l’or en fusion. Une grande part des objets correspond à des éléments de parure et à des ornements corporels et faciaux. Ces vestiges proviennent des sépultures où ils étaient déposés en offrandes funéraires, certains furent auparavant utilisés par les défunts, comme ornements et insignes de pouvoir. On connaît toutefois quelques objets utilitaires : aiguilles à chas, épingles, poinçons, agrafes, hameçons…Les techniques employées pour la fabrication font surtout appel au martelage, impliquant un fréquent « recuit » des objets en cours de fabrication. Les orfèvres maîtrisaient aussi parfaitement les techniques d’assemblage par emboîtage et aussi par soudure. Sur les éléments élaborés à partir de plaques de métal, le décor était souvent fait par repoussé, pratiqué depuis l’arrière de l’objet mais aussi parfois depuis la face avant. Les orfèvres fabriquaient aussi des objets composites, mêlant des parties réalisées avec des ors de diverses couleurs, contenant plus ou moins d’inclusions de cuivre, d’argent ou de platine.

Vallée de la Bukhtarma

Cette vallée est connue de longue date. Elle offre le seul débouché de l'Altaï sur la steppe Kazakh. En outre, par un col, sa haute vallée permet de communiquer avec le plateau d'Ukok (2 500 m d'altitude).

La vallée est parsemée de nécropoles à kourganes de différentes époques. A Berel' même, le cimetière Scythe (Saka), a fait l'objet de quelques recherches avant notre travail. En 1865,le turcologue russe Radloff a ouvert le plus grand kourgane, y a découvert de maigres restes laissés par les pillards mais aussi 16 chevaux gelés, qui n'ont pas été étudiés et dont rien ne subsiste de nos jours, comme c'est le cas de tous les chevaux trouvés dans les kourganes de l'Altaï russe, sauf deux de Pazyryk qui sont conservés à l'Ermitage, imprégnés de produits de restauration et des morceaux de ceux d'Ukok à Novosibirsk. En 1958, Sorokin de l'Ermitage a repris la fouille du même kourgane et obtenu des informations architecturales sur la fosse et la chambre funéraire. A Ukok, en Russie, au début des années 1990, les archéologues de Novosibirsk ont fouillé des kourganes dont certains ont livré d'intéressants vestiges organiques gelés. La vallée de la Bukhtarma était donc potentiellement intéressante par la possibilité d'y trouver des tombes gardant des restes organiques gelés et des marques de ces grands échanges est-ouest qui ont parcouru les steppes avant l'arrivée des Grecs et des Han.

Un parcours océanien en images. Hommage à José Garanger (1926-2006)

L'exposition a été réalisée par Martine Esline (MAE, UMS 844) durant l'hiver 2007-2008. L'auteur des photographies est José Garanger sauf autre mention.
L'Equipe ArScAn-Ethnologie préhistorique est auteur des textes et des légendes sauf autre mention.

Texte d'introduction de membres de l'Equipe Ethnologie préhistorique
"Le 26 décembre 2006 le Professeur José Garanger, éminent chercheur en préhistoire océanienne, nous quittait alors qu'il venait d'avoir 80 ans. Il avait longtemps assuré la direction de l'équipe Ethnologie préhistorique (ex-URA 275 du CNRS) avant qu'elle ne soit incorporée dans l'UMR ArScAn 7041. Cette exposition, préparée par les membres de la composante Océanie de l'équipe ArScAn-Ethnologie préhistorique et le Service Photo de l'UMS 844, retrace en images son parcours scientifique.
Passionné par l'ethnologie et l'histoire ancienne, José Garanger prépara, en même temps qu'il travaillait pour gagner sa vie, une licence ès-Lettres à la Sorbonne (1961). C'est là qu'il rencontra le professeur André Leroi-Gourhan avec qui il passa un certificat d'ethnologie. Grâce à celui-ci, alors conseiller scientifique auprès de l'O RSTOM , il obtint le poste d'archéologue du Pacifique qu'avait fait créer l'ethnologue Jean Guiart dans le cadre d'un accord CNRS-ORSTOM. Cela lui permit d'entrer au CNRS en 1962. Ses travaux de terrain aboutirent à la réalisation d'un doctorat d'Etat ès-Lettres de la Sorbonne, soutenu en 1970. Ayant enseigné parallèlement à l'Université de Paris X-Nanterre, de 1969 à 1977, José Garanger accepta de quitter le CNRS en 1977 pour l'Université Paris I, Panthéon-Sorbonne, où il fut d'abord maître de conférences puis, jusqu'à sa retraite en 1995, professeur. Il y créa l'enseignement de « Préhistoire océanienne ».
Parmi ses nombreuses activités, il fut président de la Société des Océanistes, et responsable, jusqu'en 1983, de l'unité de recherche « Préhistoire de l'Océanie » qu'il avait créée. À partir de 1983, il remplaça A. Leroi-Gourhan à la direction du laboratoire d'Ethnologie préhistorique, fonction qu'il assura pendant 12 ans jusqu'en 1995. Par ses travaux de terrain et par ses nombreuses publications, José Garanger est devenu, dans les années 70 et 80, le premier spécialiste français de l'archéologie et de la préhistoire océanienne. Ses travaux l'ont fait reconnaître comme l'un des grands archéologues de la communauté internationale de l'époque.
Les travaux d'archéologie océanienne entrepris par José Garanger, le conduisirent tour à tour en Polynésie française et dans l'archipel du Vanuatu. Les quelques images exposées ici souhaitent illustrer le message scientifique que José Garanger nous a laissé à travers ses publications, telles Archéologie des Nouvelles-Hébrides (1972) et l' Encyclopédie de la Polynésie (volume IV : A la recherche des anciens Polynésiens, 1986) :

  • traiter les questions archéologiques en ethnologue,
  • considérer les résultats obtenus non comme définitifs mais comme relatifs,
  • se défier des généralisations, l'interprétation des cultures préhistoriques étant toujours plus complexe qu'on ne le suppose.

Ce message marque non seulement ses écrits mais aussi son enseignement. Dirigé par José Garanger, le séminaire du DEA « Archéologie et préhistoire de l'Océanie », deviendra dès1980, un centre de discussions réunissant étudiants et spécialistes de différentes disciplines. Des débats, portant tant sur la poterie Lapita, le peuplement de Tahiti, que l'occupation de l'espace et la navigation, ouvriront la voie à de nouvelles recherches en Nouvelle-Calédonie, à Fidji, à Wallis, aux Tuamotu et aux Marquises. Nouvelles recherches qui, durant les dernières années, ont été soutenues par le CNRS grâce à la création successive de deux GDR (GDR 1170 et 2834). Certains des travaux, illustrés ici, ont été réalisés par des élèves ou disciples de José Garanger, membres de l'équipe ArScAn-Ethnologie Préhistorique."

Trois millénaires de civilisation entre Colombie et Equateur. La région de la Tumaco La Tolita

L'exposition a été réalisée par J.-F Bouchard (UMR 8096 Archéologie des Amériques, Nanterre) et P. Usselman (UMR 6012, Maison de la Géographie, Montpellier) au printemps 2003.
Numérisation et tirages numériques : Martine Esline (MAE, UMS 844).

Texte d'introduction de J.-F Bouchard et P. Usselman
"La région Tumaco La Tolita comprend environ 400 kilomètres sur la côte nord équatorial du Pacifique, de part et d'autre de la frontière entre la Colombie et l'Equateur. Ces basses terres, situées entre l'Océan et la Cordillère occidentale, ont été occupées, il y a près de trois milliers d'années par des groupes amérindiens. En marge des grandes aires culturelles préhispaniques du Pérou et de la Méso-amérique, cette région a vu se développer des civilisations d'une grande originalité, au milieu d'un environnement souvent déconcertant aux yeux de ceux qui la découvrent.
Le brillant passé de ces populations est illustré en particulier par la principale phase culturelle, appelée Tumaco La Tolita qui s'épanouit dans ces milieux tropicaux humides entre environ 300 avant J.C. et 300 après J.C.
Après cette période exceptionnelle, les populations amérindiennes connurent des difficultés à trouver un équilibre stable et semblent avoir connu une récession drastique socioculturelle. Au XVIe siècle, les conquistadors menés par Pizarro, partis de Panama à la recherche des richesses des Andes préhispaniques, atteignirent d'abord ces rivages, mais sans vraiment les chercher à les occuper. Néanmoins, dans les siècles qui suivirent, ce furent colons occidentaux et des afro-américains qui prirent
le contrôle de ces basses terres du Pacifique. Ces nouveaux occupants, aux origines si différentes, y ont introduit leurs propres modèles socio culturels et économiques dont les impacts ont souvent été plus destructeurs que positifs. L'entrée récente de technologies modernes n'est pas toujours synonyme d'amélioration car le milieu naturel et les groupes humains traditionnels sont très menacés par cette modernisation.
Les recherches menées par JF Bouchard (UMR 8096, MAE Nanterre) et P. Usselmann (UMR 6012, Maison de la Géographie, Montpellier) croisent les visions de l'archéologie et la géographie, Elles montrent l'histoire de cette région depuis son peuplement indigène jusqu'à nos jours et suggèrent que l'avenir raisonné de ces basses terres ne devrait pas se construire sans la connaissance de son passé indigène."

Trois fêtes traditionnelles, Kyoto et ses environs

En 1938, à l’aide d’un photographe, Leroi-Gourhan prend des clichés sur verre de trois fêtes traditionnelles qui sont célébrées successivement :

le 19 juin - la fête du repiquage du riz à Mukomachi,
le 22 juin - la fête de la coupe des bambous au temple de Kurama,
le 17 juillet - la fête de Giön.
Les fêtes du repiquage continueront à s’effectuer partout dans l’archipel, jusque dans les années 50, mais elles disparaîtront par la suite, avec l’introduction de la machine à repiquer des pousses du riz. Au moment de la Guerre puis des désordres de l’après-guerre, la fête de Giön dut être interrompue. Depuis sa reprise, cette fête a tendance à être de plus en plus touristique et attire beaucoup de monde. La fête de la coupe des bambous garde, au contraire, encore une forme assez traditionnelle, grâce à une situation plus isolée.

Techniques

En archéologie, l’étude de la culture matérielle a longtemps privilégié les artefacts à travers les questions relatives aux chaînes opératoires de fabrication, à la fonction et au mode de fonctionnement des outils. En revanche, sont moins bien connues les conditions de mise en œuvre, qui traduisent des choix de procédés.
En Sibérie, la majorité des activités restent domestiques, ce qui permet d’observer dans toutes ses composantes un système technique servant un mode de vie par certains points comparables à celui des nomades du Paléolithique final, comme, par exemple, la mise en œuvre d'outils en pierre.
Aujourd’hui, chasse du renne sauvage et élevage du renne domestique sont deux modes d’acquisition complémentaires. La chasse peut se pratiquer seul selon des techniques traditionnelles. En groupe, lors des migrations d’automne ou de printemps, elle est l’occasion de renforcer les liens sociaux. L’élevage est l'activité qui structure l'organisation des groupes, alors même que les attentions à porter au troupeau varient selon les saisons et la qualité des pâturages. Pour chaque utilisation de traction ou de monte, ou pour être abattus, les rennes domestiques sont capturés au lasso, moment essentiel dans la relation éleveur/renne, où s'expriment de multiples compétences. Lorsqu’il doit être consommé, le renne est abattu par les hommes. La découpe, quant à elle, peut, selon les régions et les circonstances, rester l'apanage des hommes ou être effectuée par tous. Tout dans le renne est utilisable, à fin alimentaire ou technique.
De même que l'élevage est l'activité valorisante des hommes, le travail des peaux, destinées à la fabrication des couvertures d’habitation ou des vêtements, est l'activité valorisante des femmes, depuis la fabrication des grattoirs en pierre utilisés en Tchoukotka et Kamtchatka jusqu’à la décoration des vêtements. Les hommes interviennent dans la sellerie ou le travail des peaux plus dures comme celles de l’élan ou de l’ours.
Si le temps est structuré par certaines activités prépondérantes qui donnent sa nature spécifique au système technique, les moments intermédiaires sont utilisés pour réaliser des tâches apparemment annexes mais tout aussi nécessaires à la vie du groupe, et tout aussi partie prenante du système technique. Il existe différents type d’utilisation des matériaux offrant des degrés d'investissement variables, adaptés aux objectifs. Ainsi, le bois peut-être complètement transformé (vaisselle rituelle en bois de bouleau), simplement préparé (perches constituant l’armature de l’habitation, et soigneusement transportées d’étape en étape), ou utilisé en l'état (bois de chauffe). Ces différentes utilisations sont des marqueurs environnementaux forts qui, tout autant que des artefacts, expriment des choix techniques.

Stucs et stèles, figures et cornes

Le décor sculpté, en partie victime d’un iconoclasme musulman assez tardif (après le milieu du VIIIè siècle), ne régnait qu’aux deux emplacements essentiels du temple : la façade, et la plate-forme (môtab) à bétyles surmontée de son kiosque à baldaquin. Ailleurs, le décor était stuqué et peint. Une petite partie du matériel des IIè – IVè siècles consiste en menus objets votifs. C’est du tout-venant, productions régionales aux formes un peu approximatives, ou importations pas nécessairement éblouissantes : Dharih n’est pas Pétra, qui n’est pas Alexandrie ! La brève époque chrétienne et la phase islamique précoce offrent surtout du matériel de la vie quotidienne, d’où émergent quelques objets de nature plus spirituelle, comme une peu commune amulette prophylactique « pour la salut de Georges, d’Elie et de Job ».

Structures d’habitat et zones d’activités

L’habitat est organisé autour de plusieurs structures en os et en défenses de mammouths : de grandes cabanes ovalaires (comme la structure n°1, de 6 m de diamètre), de petites cabanes (comme la structure n°2 de 3m x 1,80 m). Des fosses ont été creusées profondément autour des cabanes (9 fosses autour de la structure n°1). Leur rôle est multiple : fournir du loess pour la construction des parois des cabanes, stocker les aliments dans le fond toujours gelé de la fosse, servir de réserve d’ossements, principalement de mammouth ou de dépotoir. De vastes zones d’activités autour de foyers s’étendent entre les structures d’habitat, où l’on retrouve des outils en silex (grattoirs, burins, pièces et pointes à dos), des outils en matière dure animale (sagaie en ivoire, pic sur extrémité de défense, hachereau sur omoplate de mammouth, marteau en bois de renne, alêne en os de lièvre et aiguille à chas en ivoire). Colorants (nappe, blocs, foyers) et coquillages sont très abondants. Les objets d'art et les parures sont également présents. La faune chassée inventoriée pour la première fois par I.G. Pidoplichko comprend le mammouth dominant, le renne, le bison, le cheval, le lièvre, la marmotte et les carnivores à fourrure : le renard bleu, le loup, le lynx, le glouton, l’ours brun. Les fouilles actuelles ont permis d’ajouter à cette liste, le bœuf musqué et le rhinocéros laineux.

Sites et fouilles

La culture Tumaco La Tolita caractérise, à partir de 300 av. J.C. environ, par l'hégémonie de La Tolita, centre politique et religieux qui domina le littoral jusqu’à environ 300 ap. J.C. Son influence culturelle paraît avoir été très liée à un fort pouvoir politique et religieux. L'importance des rites funéraires amena ces populations préhispaniques à créer dans l’île de La Tolita une vaste nécropole pour les défunts faisant partie de l’élite.

Les sites archéologiques
Les principaux sites archéologiques sont repérables par les monticules artificiels, appelés tolas, qui pointent dans le paysage. Certains niveaux d’occupation ancienne se trouvent toutefois sous le niveau où furent construits les monticules. Mais, assez fréquemment, la stratigraphie révèle une réoccupation des mêmes sites. Une constante dans les modèles d’établissement est la proximité de cours d’eau, permettant les déplacements aquatiques de la population préhispanique. L’habitat traditionnel moderne réplique ce même modèle, quand il ne préfère pas construire en bordure des rares chemins terrestres. Les découvertes des archéologues ont surtout porté sur des sites d’habitat. Les sites funéraires ont été longuement pillés. En raison de la proximité de l’eau, et de la remontée des nappes phréatiques lors des hautes mer, les niveaux les plus anciens sont souvent difficiles à fouiller, dans un sédiment boueux où il faut pomper l’eau en permanence. Il existe aussi des sites agricoles qui aménagent de zones marécageuses ou humides. L’eau est drainée par des canaux qui la collectent vers les cours d’eau, la terre extraite lors du creusement sert à créer des talus bas, les billons, où il est possible de cultiver sans craindre les inondations. Ce système appelé « camellones de cultivo » est très largement employé dans l’Amérique préhispanique et celui de la région Tumaco La Tolita serait l’un des plus anciens exemples de cette agriculture.

Santé et comportements alimentaires

Dans le nord de la Sibérie, une grande part de l'alimentation provient de l'exploitation du renne, qui apparaît aussi prépondérante dans l'alimentation paléolithique. Cette consommation renforce les liens entre l'homme et l'animal, selon le principe que "nous sommes ce que nous mangeons". Tout dans le renne se mange, depuis les œstres qui se développent sous la peau jusqu'aux sabots, en passant par le velours qui couvre ses bois. En fonction des morceaux, la consommation peut se faire crue, séchée, fermentée ou bouillie, en même temps que sont attribuées des valeurs ajoutées ou des interdits selon la partie concernée.
Quoique moins valorisée, la part du poisson dans l'alimentation est essentielle et toujours présente. Mais plus le nomadisme familial fait place à une transhumance qui accompagne une certaine sédentarisation, et donc un accès plus occasionnel au troupeau, plus cette part est importante. Le poisson se mange cru, gelé, séché, fumé ou bouilli.
La part de nourriture liée au végétal, varie considérablement selon les écosystèmes végétaux. Mais dans l'ensemble, la végétation naturelle est aujourd'hui peu exploitée, hormis les baies à l'automne et certaines plantes utilisées dans la cuisine rituelle.
La très faible diversité d'aliments offerte aux populations ne va pas a priori sans soulever des questions relatives aux diètes et à leurs implications sur l'état sanitaire des populations. L’analyse des comportements alimentaires offre l’avantage de relier l’homme à son écosystème, d'aider à percevoir les modalités de son adaptation et saisir les transformations induites par les mutations socio-économiques.
La capacité du renne à s'adapter aux conditions arctiques et péri-arctiques mérite une étude approfondie. La composition en isotopes stables du carbone et de l’azote des tissus d'un mammifère herbivore rend compte de son alimentation et de l’habitat dans lequel il évolue. Or, la Sibérie est une région de forts contrastes aussi bien pour le paysage végétal que pour l’ambiance climatique. L’adaptation du renne à ces différents contextes environnementaux peut être estimée par des analyses isotopiques réalisées sur son poil, travail qui permettra de préciser les interprétations élaborées à partir de l'analyse des matières animales préhistoriques.

Retoka (Efate, Vanuatu), fouille (1967) de l'ensemble sépulcral de Roy Mata

C'est le besoin d'authentifier les traditions orales qui occasionna les travaux de José Garanger sur l'îlot de Retoka et d'autres sites du centre du Vanuatu. Les travaux engagés démontrèrent la valeur historique des documents oraux, auparavant mise en doute, et le caractère complémentaire des disciplines ethnologique et archéologique « pour éclairer le passé océanien le moins ancien » (Garanger 1972).

La tradition indique qu'« à sa mort, il [Roy Mata] fut inhumé à Retoka », un îlot situé au large de la côte ouest de l'île d'Efate, peu accessible et inhabité à l'arrivée des Européens. La tradition dit encore que « son corps fut exposé dans les différents clans qui lui devaient allégeance, avant d'être transporté à Retoka. Une grande foule accompagnait sa dépouille. Une grande cérémonie, accompagnée de sacrifices, fut accomplie; qui dura plusieurs jours. Une partie de la suite de Roy Mata et des représentants de chaque clan furent enterrés vivants, ils étaient volontaires pour le suivre au pays des morts. Les hommes étaient alors inconscients, drogués par d'absorption d'une très forte dose de kava (Piper methysticum) , mais non les femmes. D'autres individus avaient été sacrifiés pendant la cérémonie funèbre. On dansa et l'on chanta puis Retoka fut déclaré "terre interdite " : nul ne pourrait plus y séjourner sans danger d'y mourir ». Le panneau présente en images les principaux résultats de la fouille archéologique qui offrent un parallèle remarquable avec le récit.

Légende du plan : Retoka (Vanuatu), plan montrant la répartition spatiale des défunts, auteur du plan inconnu.

Restauration de monuments à wallis (Uvea, Polynésie occidentale)

Les travaux du Professeur José Garanger dans la presqu'île de Tautira, à Tahiti ainsi que la fouille et la restauration du marae Ta'ata ont fortement inspiré mes travaux à Wallis (1993-1998). Avec Daniel Frimigacci, nous avons restauré plusieurs monuments tongiens dans la partie sud de l'île, là où des groupes venus de Tonga s'installèrent vers le 11ème siècle. Dès cette époque ils construisirent d'imposants bâtiments qu'ils modifièrent et remanièrent jusqu'à très récemment. Si nos travaux d'archéologie permirent de comprendre l'architecture de ces structures et les phases successives de construction, nos restaurations, quant à elles, permirent de concrètement restituer aux Wallisiens une partie des informations collectées sur le patrimoine culturel de l'île.
Maurice Hardy, équipe ArScAn-Ethnologie préhistorique.

Région à l'époque actuelle

La côte nord équatoriale est longtemps restée en marge du monde moderne de la Colombie et de l’Equateur. Très souvent, les entreprises qui s’y établissent ne cherchent qu’à l’exploiter en extrayant l’or alluvial, en abattant la forêt pour vendre les bois précieux, ou en exportant les produits de la pêche, tout en laissant les populations locales dans un sous-développement critique. Depuis peu, de nouvelles espérances sont nées de cultures comme la palme à huile ou l’élevage de crevette d’aquaculture. Dans ces deux cas, les milieux naturels sont détruits pour planter des palmiers ou creuser des bassins, en arasant au passage les sites archéologiques. Si certaines de ces nouveautés s’avèrent rentables au début –surtout pour les investisseurs lointains-, beaucoup périclitent vite sans apporter aux populations locales la prospérité qu’ils espéraient. Il est à craindre qu’à terme, il ne reste qu’un milieu très endommagé et des populations encore appauvries. On souhaiterait que l’homme moderne sache, lui aussi, trouver les voies de développement menant à un équilibre tel que celui qu’avaient atteint les anciennes populations amérindiennes.

Reconstitution de l'habitat néolithique à Khirokitia (Chypre)

L'exposition a été conçue et réalisée par Alain Le Brun, Odile Daune-Le Brun (UMR7041, ethnoarchéologie), Fouad Hourani (UMR7041, micromorphologie) et Martine Esline (MAE, UMS 844) au cours de l'été 2002. L'auteur des textes et des légendes est Odile Daune-Le Brun.

Texte d'introduction d' Odile Daune-Le Brun
"Daté du 7 ème millénaire avant J.C. (dates calibrées), le site de Khirokitia, illustre la réussite de l'installation, sans doute dès avant la fin du 9 ème millénaire, sur l'île de Chypre de communautés d'agriculteurs – éleveurs. Il représente l'apogée de ce que l'on appelle le Néolithique pré céramique chypriote.
Les vestiges architecturaux mis au jour donnent la pleine mesure de l'exceptionnelle maîtrise technique des habitants de Khirokitia tant dans le domaine des constructions d'intérêt général — murs d'enceinte successifs, dispositifs d’accès— que dans celui des constructions privées, habitations de plan circulaire, au toit plat.
L’ampleur , la qualité de ces vestiges, le caractère exceptionnel de certains éléments et enfin leur bon état de conservation d’une part, et le développement du tourisme d’autre part, ont décidé le Département des Antiquités de la République de Chypre à entreprendre à partir de 1994 un programme de protection et de mise en valeur du site.
La mission archéologique de Khirokitia (CNRS - ministère des Affaires étrangères, directeur Alain Le Brun - UMR7041) fut tout naturellement appelée à collaborer à la réalisation de ce projet, en particulier pour l’édification, au pied de la colline, en dehors de la zone occupée par les vestiges archéologiques, d'une réplique grandeur nature de constructions dégagées par la mission française : un tronçon du mur d'enceinte, un des dispositifs d'accès au village et cinq éléments d'habitations.
Khirokitia a été inscrit, en 1998, par l’UNESCO au patrimoine mondial.

Ethnoarchéologie et micromorphologie

Ces reconstitutions ont été réalisées dans une optique ethno-archéologique, en confrontant “en direct” les interprétations proposées à partir des données archéologiques aux solutions techniques de l’architecture traditionnelle de Chypre. Elles sont le résultat d’une collaboration étroite, sur le terrain, entre des archéologues et des maçons ayant, eux, une longue expérience de l'utilisation, dans un même contexte géographique et climatique, des mêmes matériaux de construction qu'au néolithique : pierre, terre et végétaux.
L’intérêt de cette démarche a été de proposer des solutions techniques éprouvées en réponse à des problèmes spécifiques (exemple: la fabrication de briques crues sans moule ou celle d’un cerclage à partir d’une canne), de soulever des problèmes inattendus (exemple : la composition d’un badigeon), d’appréhender avec un nouveau regard la documentation archéologique et de poser de nouvelles questions, en particulier concernant la terre à bâtir.
L’examen attentif et en direct des différentes phases de fabrication de la terre à bâtir a montré qu’il existe, dans les pratiques traditionnelles de Chypre, des relations entre le choix des matériaux utilisés (sédiments et stabilisants), les techniques de fabrication (préparation des matériaux, pourcentage des différents composants, degré de malaxage et d'humidification) et l’emploi projeté (briques, mortiers, toiture, enduits ...)
En était-il de même au Néolithique ?
Pour répondre à cette question il était nécessaire de revenir aux documents archéologiques : associée à l’analyse des macrorestes et des empreintes de végétaux, la micromorphologie, qui s’attache à la fois à caractériser les matériaux (sédiments et végétaux) et à analyser les relations existant entre eux, a permis de toucher au plus près les techniques de fabrication de la terre à bâtir."

On notera que les tirages photographiques papier de l'exposition ne sont pas conservés au service des archives.

Recherches franco-bulgares sur le site néolithique de Kovacevo en Bulgarie. Les structures

À l'exception d'un cas, les maisons de Kovačevo n'ont pas été incendiées, ce qui rend leur fouille particulièrement complexe, d'autant que les vestiges ont été retravaillés par l'érosion. La variété des techniques de construction est frappante. Un bâtiment au plan légèrement trapézoïdal exceptionnellement grand avec une surface de 156 m2 date de la deuxième période (Ib) du Néolithique ancien. Les tranchées et trous de poteaux sont bien visibles sur la photographie aérienne générale. Si une partie des habitations est construite à même le sol, d'autres sont aménagées au-dessus d'une fosse faisant office de vide sanitaire, sans doute en raison des conditions humides et pluvieuses de la région, dues au régime climatique méditerranéen. Les sols des habitations sont traditionnellement enduits d'une terre blanche carbonatée, à l'instar du Proche-Orient. Ces enduits sont régulièrement refaits, comme le montre la stratigraphie lorsqu'ils se sont effondrés dans les fosses sous-jacentes. Des espaces étaient ménagés entre les habitations, toutes d'orientation identique. Des fours à voûte et des foyers étaient installés à l'intérieur des bâtiments, pour le chauffage et la cuisson des aliments. Divers autres fosses ont été creusées. Des systèmes de fossés assuraient un drainage. Un puits à eau provient des niveaux du Néolithique moyen et est sans doute l'un des plus anciens connus en Europe. Aucune tombe d'adulte n'a été retrouvée, mais plusieurs tombes d'enfants, dont deux fœtus ou morts nés au fond de poteries, se trouvaient sous ou à côté des maisons. Plusieurs dépôts organisés d'animaux (chien, bucrane de bovidé) paraissent avoir eu une fonction particulière.

Recherches franco-bulgares sur le site néolithique de Kovacevo en Bulgarie. L'Equipe

Le choix a été dès le début de faire une mission « lourde », d'au minimum deux mois par ans, totalisant en 25 années près de 55 mois de présence sur place. Ce fut la première mission archéologique française en Bulgarie depuis le début du XXe siècle, et la plus importante en cours dans un pays de l'Europe centrale ou orientale. Le cadre institutionnel est franco-bulgare, associant le CNRS, l'Université de Paris I, le ministère français des Affaires étrangères (principal financeur), l'Institut archéologique de l'Académie bulgare des sciences et le Musée historique de Blagoevgrad. Les responsables de la mission sont Marion Lichardus et Jean-Paul Demoule du côté français, et actuellement Liliana Perničeva et Vasil Nikolov du côté bulgare, ainsi que Malgoržata Grębska-Kulova et Lilijana Kulov. Le site a été aussi pendant ces 25 ans une école de fouille aux activités très complètes et environ 200 étudiants de différents niveaux et de différentes universités, françaises et étrangères, s'y sont succédés. La main d'œuvre ouvrière, composée à l'origine de lycéens organisés en « brigades » a été remplacée à partir de 1990 par des ouvriers salariés. L'ensemble du personnel mobilisé pour chaque campagne de fouille comptait donc couramment un minimum d'une cinquantaine de personnes, étudiants et chercheurs étant logés dans une vaste base de fouille, un bâtiment scolaire réhabilité, dans le village de Katunci. Les changements politiques, dans une zone à l'origine très sensible, car frontalière et très contrôlée, ont sensiblement amélioré les conditions de vie sur place, et plus encore depuis que la Bulgarie a rejoint l'Union européenne. Des chercheurs de nombreuses institutions participent à l'étude du matériel recueilli, dont les UMR 7041 (Nanterre), 7055 (Nanterre), 7209 (Museum), 6130 (Nice), 5809 (Bordeaux), 5594 (Valence), 5133 (Lyon) du CNRS, le Deutsches Archäologisches Institut (Berlin), l'Université catholique de Louvain (Institut des sciences archéologiques), la Frei Universität de Berlin (Institut de chimie anorganique), l'Institut archéologique de l'académie slovaque des sciences, le Musée d'Histoire naturelle de Sofia, l'Institut de géophysique de l'Académie bulgare des sciences.

Recherches franco-bulgares sur le site néolithique de Kovacevo en Bulgarie. Le matériel archéologique

Environ quarante tonnes de matériel archéologique ont été enregistrées sur le site de Kovačevo. La céramique représente plus de 1,6 million de tessons (23 tonnes), lesquels ont été systématiquement enregistrés, sous la responsabilité de Laure Salanova. Une division préliminaire en quatre périodes a été proposée, les deux premières étant antérieures à la culture Karanovo I. Les traitements statistiques détaillés, et notamment la sériation, sont encore en cours. Les décors sont pour l'essentiel peints en blanc sur rouge, mais d'autres techniques minoritaires sont attestées. Une analyse technologique de la poterie a été réalisée par Louise Gomart, et une analyse fonctionnelle par Julien Vieugué, qui a montré en particulier la présence de résidus d'os pilés en bouillie. Outre le matériel de broyage (Hara Prokopiou, Caroline Hamon) et l'outillage poli (Pierre Allard), de provenance locale, le matériel lithique comprend l'abondant mais ingrat quartz local (Frédéric Abbès), et le silex provenant des Rhodopes, à environ 50 à 100 km de distance ; il est étudié à la fois du point de vue technologique et typologique (Pierre Allard, Raphaële Guilbert), et tracéologique (Maria Gurova). L'outillage osseux (Isabelle Sidéra) montre d'incontestables affinités avec l'Anatolie, tant dans les formes (cuillers, crochets) que dans les techniques. La parure utilise le marbre, le coquillage, l'os, les roches tenaces et l'argile et comprend surtout des bracelets, des perles et de pendentifs. Les figurines humaines, surtout féminines, sont en argile, rarement en marbre, et systématiquement brisées ; les figurines animales sont rares et plus sommaires. On note aussi des sceaux en argile (pintadéras, la plus importante collection des Balkans) et de petites tables en argile dites « autels ». Parmi la faune, étudiée par Norbert Benecke, les animaux domestiques dominent largement (95%), et comprennent à leur tour 80 % de moutons et chèvres, espèce non indigène en Europe. Les restes végétaux (Elena Marinova) indiquent la culture des céréales, mais aussi d'autres plantes, comme la gesse.

Recherches franco-bulgares sur le site néolithique de Kovacevo en Bulgarie

L'exposition a été réalisée au cours de l'hiver 2010-2011, sur proposition de Marion Lichardus, Jean-Paul Demoule (Equipe Protohistoire Européenne (UMR 7041 ArScAn) et Laure Salanova (UMR 7055)
Conception, tirages : Fanny Bastien, Martine Esline, (MAE, USR 3225).
Auteur des textes : Jean-Paul Demoule.

Texte d'introduction de Marion Lichardus et J.-P. Demoule
"La mission de Kovačevo (Bulgarie) a été entreprise en 1986 dans le cadre de l'enseignement et de l'équipe de Protohistoire européenne de l'Université de Paris I et du CNRS. Jusque-là, les fouilles de cette équipe s'étaient concentrées dans le Bassin parisien (vallée de l'Aisne, notamment) et en Belgique, à l'extrémité du courant de colonisation néolithique danubien. Ce courant provenait du Proche-Orient ; il avait pénétré en Europe et pris pied dans la péninsule balkanique au cours de la seconde moitié du VIIe millénaire. C'est pourquoi les responsables de la mission, Marion Lichardus-Itten et Jean-Paul Demoule, choisirent d'ouvrir une fouille sur un site du néolithique le plus ancien des Balkans. La vallée de la Struma (Strymon), fleuve du sud-ouest de la Bulgarie qui se jette dans la mer Égée, fut choisie parce qu'elle est l'un des axes de pénétration les plus commodes depuis la côte vers l'intérieur des Balkans, et parce qu'elle était alors fort peu connue. L'unique site de cette époque, Kovačevo, venait d'y être découvert et sondé dans le cadre d'une mission bulgaro-polonaise. Il fut donc retenu pour une fouille d'ampleur.

D'après les ramassages de surface et les prospections électriques, le site couvre environ 6 hectares, avec une stratification maximale de trois mètres, mais avec des parties plus érodées, car le site occupe une pente. Il se trouve sur la terrasse d'un affluent de la Struma, la Pirinska Bistrica, descendu des montagnes du Pirin qui culminent à près de 3.000 mètres ; il n'est qu'à quelques kilomètres de la frontière grecque. La stratégie choisie a été d'ouvrir une grande surface, de près de 1.700 m2, complétée par une série de 12 sondages qui précisent l'étendue et la stratigraphie du site. Tous les sédiments ont été tamisés et une attention particulière a été portée aux analyses géo-archéologiques, conduites par Jacques-Léopold Brochier et Jean-François Berger de façon expérimentale et pionnière afin de comprendre le processus de formation des couches. Les travaux de terrain se sont déroulés de 1986 à 2007 et la mission est actuellement dans la phase d'études et de publication.

L'occupation principale date donc du Néolithique ancien, entre 6200 et 5400 environ – ce que confirment les dates au radiocarbone et par archéomagnétisme. Elle est suivie par une occupation plus courte du néolithique moyen, après 5400, avec la céramique noire cannelée caractéristique de cette période. Après une interruption, le site est à nouveau densément occupé au Bronze ancien local (milieu du IVe millénaire), avec des éléments de fortification et une poterie qui évoque à la fois Ezero en Thrace bulgare, et les niveaux Dikili Tash III et Sitagroi IV-V, sites grecs peu éloignés. Enfin des traces sporadiques de l'âge du Fer, de l'Antiquité et même des guerres balkaniques sont présentes.

Ces niveaux du Néolithique ancien sont désormais les mieux étudiés pour le sud-ouest de la Bulgarie, le nord de la Grèce et la Macédoine yougoslave. Ils appartiennent à un faciès culturel qui s'étend sur la Macédoine occidentale grecque (Giannitsa), la Macédoise yougoslave (Anzabegovo) et toute la Bulgarie du sud-ouest. Ce faciès est antérieur à la culture de Karanovo I, avec laquelle commence, sur ce site de référence, le néolithique dans la grande plaine bulgare. Il se présente comme un village assez densément occupé, avec des maisons rectangulaires utilisant différentes techniques de construction et qui aura perduré pendant près d'un millénaire. L'occupation tend à se dilater au cours du temps, les phases les plus anciennes étant regroupées en bordure de terrasse."

Exposition et photographies de Marion Lichardus-Itten, Jean-Paul Demoule, Martine Esline.

Les auteurs de la photographie en ligne sont Marion Lichardus et Jean-Paul Demoule.

Profils d'objets. Approches d'anthropologues et d'archéologues, VIIe colloque international de la Maison René-Ginouvès

Exposition réalisée par Fabienne Wateau (UMR 7186 LESC) et Martine Esline (MAE, USR 3225).

Texte d'introduction de F. Wateau
"Les objets parmi nous
Les objets dont il est question dans ce colloque sont parmi nous. La plupart proviennent de nos terrains ou chantiers de fouille, matière à penser qui nous aide à lire la société. Certains, trop fragiles ou trop précieux, sont des répliques, fabriquées en argile, ou des moulages en résine. Disposés dans des vitrines, sur les bancs, ou encore posés ou suspendus dans le hall, tous ces objets qui ont pu venir au colloque sont ici. Ils s'élèvent au nombre de seize. Les dix autres, restés sur le terrain ou déjà conservés dans des musées, étaient impossible à déplacer. Tous sont représentés en photographies. Vous découvrirez leurs détails, vous y apprendrez un peu de leur usages et destinations. Restent encore aux objets à être contés et racontés lors de ces journées."

Prises de vue de matériels archéologiques. Détails et macro-traces

Exposition de l'été 2006.
Serge Oboukhoff (MAE, UMS 844) a réalisé les photographies avec un appareil numérique de 6 millions de pixels.

Texte d'introduction d'André Pelle
"Depuis plusieurs années, les expositions se succèdent dans le hall de la Maison René-Ginouvès. Elles présentent les recherches des équipes dans leurs diversités.
Nous avons le choix de valoriser, chaque été, le travail photographique d’un agent en particulier, pourvu que les images présentées ne s’éloignent pas trop du terrain ou des thèmes de recherches engagés dans notre Maison.
Certaines équipes, comme l’UMR 7055 « Préhistoire et archéologie » anciennement basée à Meudon, connaissent Serge Oboukhoff depuis longtemps. Les photographies qu’ils présente aujourd’hui viennent également de sa collaboration avec l’UMR 8096 « Archéologie des Amériques » et l’UMR 7041 « Archéologie et sciences de l’Antiquité . Nous les regarderons comme de la matière ayant donné des formes fonctionnelles. Terre, pierre, os, …statuettes, outils… Matière et forme macro-photographiées puis agrandies, pour leur lecture, au-delà des possibilités de perception de l’œil nu. Le rendu photographique peut nous sembler irréel si l’on ne possède pas la connaissance de la demande du chercheur à son photographe : « Serge est-il possible de voir toutes les facettes de cet outil ? . Les prises de vue réalisées avec ces instructions s’éloigneront alors de celles qui rechercheraient la fonction de l’objet.
Comment façonner la lumière pour faire ressortir la matière ? Si l’on pose cette question à Serge Oboukhoff, il nous répond que « la meilleure source est le soleil. Que l’objet est fait pour être vu sous celui-ci. Le photographe dans son studio de prise de vue ne ferait alors que reproduire le soleil ! On a tous vu sur nos terrains archéologiques, le chantier se contraster au soleil montant ; Devenir illisible au zénith ; puis l’on a choisi la lumière douce du soleil levant ou un ciel légèrement brumeux pour réaliser nos images. On a cherché du détail dans les hautes et les basses lumières en utilisant un soleil tamisé. Même un jour, on a regretté de ne pouvoir tourner un peu le soleil pour qu’il éclaire plus correctement une coupe ou une structure ! C’est de la même façon que Serge Oboukhoff tourne et oriente son unique source de lumière artificielle sur son sujet, recherchant l’angle d’incidence idéal, évitant la lumière directe débouchant une ombre trop sombre à l’aide d’une simple feuille de papier blanc mais sans trop l’approcher pour ne pas tuer le contraste."

Pirogues et conceptions polynésiennes de l'environnement

La mise en perspective des sources ethnologiques et archéologiques dans la démarche du Pr. J. Garanger inspira ma recherche ethnoarchéologique sur la place des pirogues dans les sociétés océaniennes d'hier et d'aujourd'hui, et sur le système de représentations de l'environnement insulaire récurrent dans toute la Polynésie et centré sur le renouvellement de la fertilité. A cette notion vitale s'associent un espace arboré (vao) souvent tabou, l'eau douce, et des structures cultuelles. Les populations qui s'installèrent sur les îles du Pacifique véhiculèrent leurs conceptions du paysage : un espace culturellement construit autour d'éléments naturels et anthropiques.
Hélène Guiot, équipe ArScAn-Ethnologie préhistorique.

Namibie

Bien que la Namibie soit un pays semi-désertique, il compte des massifs rocheux riches en sites d'art rupestre. Ils se trouvent aussi bien au nord qu'au sud de son vaste territoire, 825000 km2. Au nord c'est notamment dans le massif du Drakensberg que l'on trouve de très nombreux sites de peintures rupestres. Les gravures rupestres sont également très nombreuses et l'on trouve une forte concentration dans l'ensemble de Twyfelfontein, au nord du pays.

A l'autre extrémité du pays, le site d'Apollo 11, dans les montagnes Huns, a livré des plaques en pierre couvertes de peintures représentant des animaux et qu'à l'époque de leur découverte, au milieu des années 1970, étaient considérées comme le plus ancien témoignage de la création artistique africaine (26 000 BP).

L'interprétation de la l'art rupestre de la Namibie a fait l'objet de nombreuses approches et l'un des sites emblématiques des difficultés qui entourent cette partie de l'étude de l'art rupestre est sans doute la grotte Maack devenue, par un concours de circonstances, la "grotte de la dame blanche".

Milieu naturel

Cette région littorale est caractérisée par l’omniprésence de l’eau : océan, cours d’eau et estuaires, mais aussi marécages et lagunes, contribuent à donner l’impression d’un monde amphibie, où l’eau est toujours proche des espaces formant l’habitat des populations indigènes et modernes. Le milieu naturel terrestre se compose d’une dense forêt équatoriale humide, que l’homme doit défricher pour s’installer. Le long de la côte, une barrière de mangrove s’élève entre l’océan et la forêt : les palétuviers rendent l’accès à la terre ferme, voire impossible. On doit franchir cette mangrove en naviguant dans les chenaux de marée pour atteindre les sites établis en bordure de cours d’eau. De nos jours, il existe toutefois quelques voies modernes permettant aussi des déplacements terrestres, qui restent souvent malaisés. Formant l’une des régions les plus pluvieuses du monde, cette côte chaude et humide a souvent paru hostile et peu propice aux établissements humains, mais cette vision relève sans doute plus de préjugés d’occidentaux venant de climats plus tempérés. À diverses époques, les indigènes amérindiens et les afro-américains ont su y maintenir des occupations plutôt stables et parfois prospères. En particulier, l’archéologie a montré que ces terres, réputées peu propices à l’agriculture, pouvaient être exploitées intensivement, à condition de savoir les drainer au moyen de billons. Avec de tels aménagements, il est possible de produire du maïs, du manioc et autres plantes vivrières en assez grandes quantités pour assurer l’alimentation des groupes locaux.

Maisons et huileries, hôtellerie et tombeau

Le village consiste en des maisons paysannes en pierres taillées : une ou deux cours, trois ou quatre pièces ; des arcs clavés sur jambes en pilastres portent des dalles de plafond en pierre. Une belle demeure, surplombant le sanctuaire, est beaucoup plus vaste ; elle abrite des bains chauffés, des salles de réception, des vestiges cultuels. C’est peut-être la maison de la famille du chef du district, le ra’s Aïn Laaban (chef de la Source du Laaban) signalé par une inscription nabatéenne. On soupçonne que l’unique tombeau monumental de la nécropole, construit vers 110 apr. J .-C. pour trente défunts, était l’ultime demeure des maîtres de cette grande maison. Toutes les autres tombes sont de simples fosses. La culture de l’olivier occupait déjà dans l’Antiquité la place majeure qui est la sienne aujourd’hui : plusieurs huileries sont assez bien conservées, échelonnées entre les Ier et VIè siècles apr. J.-C. Tout à côté du sanctuaire mais à l’extérieur de son enceinte, un bâtiment rectangulaire à plan compact reste mystérieux. Il avait deux niveaux. L’étage, complètement détruit, a livré quelques éléments de décor sculpté et stuqué ; le rez-de-chaussée à-demi enterré avait un hall central à piliers et une salle à manger à trois banquettes en pierres. On a pensé à une hôtellerie du sanctuaire, mais rien n’est moins sûr, car il y avait aussi, ailleurs, un caravansérail.

Les premiers travaux de José Garanger en Polynésie française (1963-1965)

José Garanger débuta ses travaux d'archéologie océanienne à Tahiti (Iles de la Société ) dans les vallées de la Vaitepiha et de la Vaiote où de nombreux pétroglyphes furent découverts. Il participa à des missions sur l'atoll de Rangiroa aux Tuamotu où trois marae furent restaurés. Ces travaux sont encore remarquables aujourd'hui par la méthode mise en œuvre : une fouille extensive de l'intégralité de la zone incluant les structures, et une prospection détaillée des secteurs adjacents. Grâce à cette méthode le chercheur obtint, dès les années 1960, des résultats marquants sur l'organisation spatiale, et au-delà sociale, des anciens Polynésiens.

Les travaux de José Garanger au Vanuatu (1964, 1966-67)
Les travaux réalisés au Vanuatu dans l'île d'Efate et dans le groupe des Shepherd apparaissent comme un exemple, toujours cité, de l'usage de l'ethno-histoire et de l'archéologie préhistorique. Selon les termes d'A. Leroi-Gourhan, J. Garanger a su conjuguer « l'ethnologie du présent et du passé » grâce à son approche spécifique du terrain archéologique. Là, il a démontré avec éclat que le décapage de grandes surfaces, dans des sites sépulcraux ou sacrés, était la meilleure méthode pour restituer la vision globale donnée par les récits de traditions orales et mettre en évidence les infimes détails oubliés ou volontairement occultés par les communautés.

Les objets d'art scythe

Ce sont pour la plupart les éléments des harnachements des chevaux sacrifiés : guirlandes de pendeloques de cou ou de poitrail, ailes de mors, frontaux. Souvent ces guirlandes convergent de façon symétrique vers un élément central qui peut répéter le motif en détachant une partie en relief dans la troisième dimension. Ces ornements sont dorés à la feuille et étamés, mais l'étain a souvent disparu. Cependant, ce n'est qu'après les avoir dépouillés de l'or qui empâte la finesse du relief que l'on peut apprécier véritablement le travail des artistes.

Les écritures cunéiformes et leur déchiffrement

Auteurs de l'exposition : Brigitte Lion et Cécile Michel (UMR 7041, Equipe Histoire et archéologie de l'Orient cunéiforme).
Conception et réalisation de l’exposition, maquettage de la brochure : Martine Esline (MAE, UMS 844).

Texte d'introduction de Brigitte Lion et Cécile Michel
"À la redécouverte du Proche-Orient ancien et de ses écrits
En 2007, l'équipe Histoire et Archéologie de l'Orient Cunéiforme (laboratoire ArScAn, UMR 7041 du CNRS) a organisé en collaboration avec l'UMS 844, une exposition pour célébrer les 100 ans du déchiffrement de l'écriture cunéiforme. L'ouvrage, qui reproduit les panneaux élaborés à cette occasion, présente les différentes étapes de la redécouverte du proche-Orient ancien et des déchiffrements des écritures cunéiformes. Celles-ci furent utilisées pendant plus de trois millénaires dans une vaste zone du proche-Orient, englobant non seulement la Mésopotamie, mais aussi les régions voisines, jusqu'à l'Egypte, la Turquie et l'Iran. Les signes en "forme de clous" ont été utilisés pour noter diverses langues (sumérien, akkadien, ugaritique, vieux-perse...) selon trois système différents : idéographique, syllabique et alphabétique.

Le livre ci-dessous reprend cette exposition qui s'est tenue à la Maison René-Ginouvès, lors de la fête de la science en octobre 2007. cette brochure est disponible aux Editions De Boccard, 2008 . La fondation de la Poste a subventionné cette publication.
Travaux de la Maison René-Ginouvès. Collection dirigée par Pierre Rouillard. Travaux n° 4, LES ECRITURES CUNEIFORMES ET LEUR DECHIFFREMENT, sous la direction de : Brigitte LION et Cécile MICHEL, Editions : DE BOCCARD 2008 ".

Les couleurs d'Alexandrie (Egypte)

L'exposition, les textes et les photographies ont été réalisés par André Pelle (MAE, UMS 844) durant l'été 2001.

Texte d'introduction d'André Pelle
"L'oeil s'adapte et, hélas ! notre regard s'habitue. Loin des interminables ciels nuageux du Nord de la France, Alexandrie est faite d'ombre et de lumière. Peu importe le quartier, d'Anfushi à Kom el Chougafa, ou de Kom el Dikka à Shatbi el Bahr, des milliers d'images hautes en couleurs, mais temporellement éphémères, existent de par l'éclat que leur donne le soleil à telle ou telle heure de la journée. Remontez la même rue quelques heures plus tard, d'autres images existeront dans un faisceau de lumière et les précédentes, devenues plus ternes à l'ombre, sembleront disparues.

Comment cadrer ?
Sur cette image du vieux port, juste là où furent le Phare ou autres palais engloutis de Cléopâtre, trois vues semblent maintenant s’offrir à notre regard : ici, c’est un panorama du port sur fond de ville ; puis là, une image « plus ethnographique » représentant un jeune pêcheur. L'autre image en bas à gauche, avec un cadrage serré sur une barque multicolore, relève d'un autre regard, celui où la fonction de l’objet ne nous importe plus et où l’objet même n’est plus notre centre principal d'intérêt.
L'image fonctionne par une association de couleurs vives, primaires, bleu, jaune, rouge... Ainsi que par un entrelacement de droites et de courbes. Ici les couleurs s'opposent. Ailleurs plus loin dans la ville ou très proches de vous, des tons monochromes se confondent dans une composition spontanée d'objets. C'est cette Alexandrie qu'à chaque retour je retrouve, mais n'ai-je pas la chance d'avoir un œil toujours neuf."

Les costumes

Vers 1937, les Japonais s’habillent usuellement à la façon traditionnelle, avec un kimono. Ce costume caractérise remarquablement le peuple japonais. La différence entre les habits officiels et de travail est importante. Les quelques exemples de vêtements présentés ici appartiennent aux femmes, qui ont en conservé la tradition plus longtemps que les hommes, même après la guerre deuxième mondiale.
En grande tenue, leur kimono ainsi que leur ceinture, généralement en soie, sont plus décoratifs, plus brillants, multicolores. Les vêtements pour les travaux des champs, faits en coton, permettent mieux les mouvements. Les paysannes portent une sorte de pantalon: le mompé. Les chapeaux de paille, en cône évasé, protègent leur tête des coups de soleil et des serviettes toutes blanches cachent presque complètement leur visage, remplaçant parfois leurs chapeaux. Leurs pieds nus sont chaussés d’une paire de sandales, faites en paille du riz.

Les carrières de El Ferriol et l'atelier de sculpture d'Elche (Alicante)

L’exposition a été réalisée par Fanny Bastien et Martine Esline (MAE, USR 3225) au cours du printemps 2011, sur proposition de Pierre Rouillard , directeur de la Maison René-Ginouvès. Les auteurs des textes et des légendes sont Pierre Rouillard et Gérard Monthel.

Texte d'introduction de Pierre Rouillard, Jésus Moratalla, Laurent Costa, Christian Montenat, Gérard Monthel
"Les techniques d'extraction évoluent peu dans le temps, au moins, bien sûr, jusqu'à la période de la mécanisation violent par l'utilisationdes explosifs au début du XXème siècle. les enlévements sont essentiellement réalisés avec une sorte de pioche ou pic dont le fer possédait un tranchant large d'environ 3 cm, en moyenne, et perpendiculaire à l'emmanchement. On y maniait aussi le taillant ou la polka pour régullariser ou aménager les fronts. quelques levages ont été terminés avec des coins.

Un des intérêts du site de El Ferriol est qu'il réunissait dans des "loges" contiguës, carriers et tailleurs de pierre. Lorsqu'il extrayait un bloc, le carrier était avant tout guidé par la qualité de la roche. Le tailleur orientait ensuite ses choix en fonction de ses besoins, bloc d'architecture, de sculpture de taureau ou de buste. Il choisissait sa pierre dans un "calepin" où les cailloux bruts d'arrachement pouvaient avoir une longueur de 0,80 m, de 1m, de 1,30 m... La découverte d'une ébauche de sculpture d'époque ibérique prouve que ces savoir-faire étaient attenants. La présence d'une vasque abandonnée, car brisée lors de son épannelage, le dit aussi. les éclats de taille de petit calibre, amoncelés en "tas", amas coniques sur lesquels travaillaient les tailleurs, voire les sculpteurs, l'explicitent tout autant. ( De là vient l'expression "travailler sur le tas").

Trois qualités de pierre sont attestées dans cette région. le type présent à El Ferriol est un calcaire bioclastique fin, beige jaunâtre du Miocène inférieur-moyen, celui utilisé pour la Dame d'Elche. Aussi conduisons nous une une autre enquête qui vise à retrouver les usages du calcaire de El ferriol dans les sculptures et les édifices proches. Monforte del Cid et Elche, l'un au nord, l'autre au sud de El Ferriol, à une dizaine de km dans chaque cas, l'ont mis en oeuvre à des époques variées. Nous le savions pour la sculpture ibérique de La Alcudia et d'Elche et les fouilles récentes conduites à Monforte del Cid nous ont confirmé son usage dans la sculpture animale d'époque ibérique.A Elche même, pour la construction de l'Ayuntamieto ( un édifice datant en partie du XVIème siècle) du calcaire de El Ferriol a été utilisé. Mais la principale consommatrice de ce calcaire est l'église Santa Maria, construite au XVIIIème siècle : une partie des mus et les sculptures du somptueux portail sud sont en calcaire de El Ferriol."

Les accumulations d'ossements de mammouths ("bone bed")

Des accumulations d’ossements ont été trouvées au fond des paléoravines qui bordent le promontoire, où l’habitat est installé. Il y a une connexion stratigraphique entre le niveau d’accumulation d’ossements et le niveau inférieur de l’habitat sur le promontoire. Il n’y a pas d’accumulation d’ossements de mammouth sur le niveau supérieur, qui s’est installé quand la ravine était déjà comblée. La paléoravine, qui était sèche, s’est remplie très vite par une sédimentation de pente à la fonte des neiges, quand le climat est devenu plus humide. L’accumulation d’ossements correspond à un évènement unique entre deux fontes de neige.
L’accumulation d’ossements révèle la présence de nombreux mammouths d’âges et de sexes variés, qui ne correspondent pas à l’effectif d’un cortège naturel. Les ossements sont anatomiquement groupés. Des traces de découpe ont été trouvés sur certains os (côtes). Les crânes de mammouth ont été systématiquement cassés. Les plus grands ossements ont été préférentiellement prélevés. Il y a eu un dépeçage local des mammouths. D’autres ossements animaux isolés y ont été également trouvés. L’anthropisation de l’accumulation est révélé par la présence d’outils en silex taillé, d’outils en os et en ivoire et de vestiges des foyers lessivés, dont l’un a été trouvé sous une grande défense.

Le site de Gontsy dans son contexte géomorphologique et stratigraphique

Une grande coupe de plus de 20 mètres de puissance a été réalisée au sommet de la grande ravine et a fourni une séquence climatique de plus de 200 000 ans. La stratigraphie, au niveau du site, a révélé la présence de deux niveaux archéologiques, situés sous une épaisse couche de loess, à partir d'une profondeur de 3 mètres : le niveau inférieur, correspond à la construction de l’habitat sur le promontoire et à l’exploitation de l’accumulation d’ossements de la ravine. Le niveau supérieur, correspond à une réoccupation du site, quand les ravines étaient déjà comblées. Depuis 1999, les décapages sont effectués des hangars métalliques de dimensions 15 m x 12 m, Le hangar n°1 est localisé sur le promontoire où sont situés les structures d’habitats, les fosses et les zones d’activités. Le hangar n°2 est situé au dessus d’une paléoravine contenant des accumulations d’ossements de mammouths. Les niveaux archéologiques, décapés, sont laissés en place et protégés sous les hangars. En Octobre 2007, la construction d’un troisième hangar a été lancée, en extension du hangar n°1, pour permettre le décapage de deux nouvelles structures d’habitat découvertes en 2006.

Le Japon de 1937 à 1939 vu par André Leroi-Gourhan

L’exposition a été conçue et réalisée par André Pelle (MAE, UMS 844) durant l'hiver 2000-2001.
Les textes et légendes sont d’Arlette Leroi-Gourhan et d’Ichiro Yamanaka.
Les auteurs des tirages photographiques sont Martine Esline et Serge Oboukhoff (MAE, UMS 844).

Texte d'introduction d'Arlette Leroi Gourhan et d’Ichiro Yamanaka
" C’est en mars 1937, après un mois de navigation, qu’André et Arlette Leroi-Gourhan arrivent à Kobé avec, en poche, une bourse d’étudiant obtenue du Japon. Ils vont parcourir toutes les îles, des grandes forêts du Hokkaïdo aux volcans du Kiou Siou. Les japonais voyageaient alors beaucoup, grâce à des petites lignes de chemins de fer complétées par un vaste réseau d’autobus ; les auberges étaient nombreuses. André Leroi-Gourhan qui lisait le chinois, devait maintenant apprendre à lire les mêmes signes en japonais et, surtout le parler. Sur une colline de Kyoto, notre maison dominait les grands toits des temples shintoïstes ou bouddhistes et les ruelles de la vieille ville. A cette époque, les fouilles préhistoriques étaient peu développées et c’est surtout en tant qu’ethnologue qu’André Leroi-Gourhan, particulièrement attiré par les techniques, prendra des certaines de photos. Les maisons dont les toits changent d’une région à l’autre, les détails concernant les pilotis, comme sous notre maison de Nojiri, les installations intérieures avec les différents murs à glissières, la richesse architecturale des temples, qu’ils soient parmi les plus importants ou perdus dans la forêt, les constructions de minuscules ponts de bois dans les rizières. Chaque détail était objet de réflexion. Le harnachement des chevaux l’a, par exemple, beaucoup étonné par sa diversité : très différent sur l’animal de prestige, celui qui court pour un temple, le cheval déifié en bronze grandeur nature ou celui qui travaille dans les rizières. Si, en 1937, Tokyo était déjà influencé par l’Occident, il n’était pas pensable à Kyoto de rencontrer une femme ne portant pas le kimono et, dans la plus grande partie du pays, les traditions restaient très vivaces. Sur le bateau du retour, André Leroi-Gourhan s’était fixé un nombre d’heures de travail journalier pour rédiger, à chaud, l’apport de ces deux années d’exploration du mode de vie japonais et les questions qu’il soulevait. Nous étions en mai 1939, après 1945, tout écrit sur le Japon fut interdit et le manuscrit inachevé se retrouva au fond d’un tiroir. C’est en partie celui qui, 62 ans après, accompagnera les photos prises à l’époque.

Après la parution de son premier ouvrage, la civilisation du renne ( 1936), une bourse de deux ans au Japon est proposée à André Leroi-Gourhan. C’est ainsi qu’il quitte avec sa jeune femme Marseille le 12 mars 1937. Leur bateau fait escale à Naples (Pompeï), Port-Saïd, Ceylan, Singapour, et Hong-Kong, puis à Shanghai. Ils arrivent finalement au Japon, le 19 avril. Ils choisissent de séjourner à Kyoto et s’installent sur la colline de Kujosan ; dans une maison dont les fenêtres dominent la ville, ancienne capitale du pays du Soleil Levant. C’est l’époque où une nouvelle discipline naît : l’ethnologie. Leroi-Gourhan essayera de saisir les apports offerts par les nouvelles façons de voir de cette science au Japon. Ils passent leur premier été, en juillet- août 1937, au bord du lac de Nojiri, juste au nord de la ville de Nagano, dans un coin montagnard du Japon central. C’est autour de leur maison estivale qu’il récoltera des documents sur la vie agricole. Puis, en septembre 1937, le couple partira sur l’île de Sado où André Leroi-Gourhan observera des hameaux de pêcheurs. Kyoto et Nara sont deux anciennes villes qui gardent, encore en ce temps-là, la belle tradition japonaise. C’est principalement dans cette région que Leroi-Gourhan prends de nombreuses photos des fêtes, des actes religieux, de la vie cérémonielle ainsi que quotidienne, et les techniques. Ils célèbrent le Nouvel An de 1938 dans le village montagnard de Daïsenji, tottori, dans le Honshu de l’ouest. A.Leroi-Gourhan va ensuite à Matsuë dans le département voisin de Tottori, et dans l’île de Kyushu : Fukuoka, Dazaifu, Kumamoto, où il gravit le célèbre volcan en activité d’Aso, en mars 1938. Au cours de l’été 1938, le couple part à Gifu et à Nagoya, dans le Honshu du centre, puis, au mois d’août et septembre, voyage au Hokkaïdo, le pays des Aïnous. Pour le Nouvel An de 1939, ils reviennent dans le village enneigé de Daïsenji. En dehors de ces voyages, A.Leroi-Gourhan doit aller plusieurs fois à Tokyo. Il y étudie, en juillet 1937, les collections archéologiques à l’Institut d’Anthropologie de l’Université Impériale de Tokyo, participe, en janvier 1938, aux fouilles à l’amas de coquille de Kami, attribué à l’époque Jomon, et négocie enfin avec l’Association pour l’Avancement de la Culture Internationale qui lui demande d’organiser l’exposition sur « L’ethnologie du Japon » au Musée de Trocadéro à Paris. Il s’agit d’une manifestation de propagande du pays à l’occasion des Jeux Olympiques de 1940 qui devaient avoir lieu à Tokyo. C’est ainsi qu’il parcouru le Japon, notant la variété de la richesse des formes dans les différentes provinces. Pour les détails techniques, les nombreuses photos – plus de 1600 en fait- , plus explicites qu’un texte, ont précédé l’observation et l’analyse. L’étude des objets, jointe à la possibilité de noter les gestes qui accompagnaient leur fabrication et leurs usages, a élargi cette voie nouvelle qui permettait de lier l’ethnologie à la préhistoire. Dans un milieu naturel inchangé depuis 2000ans, le Japon avait conservé ses techniques ancestrales. Cela permit à A. Leroi-Gourhan de rassembler une importante documentation sur les éléments marquant des méthodes traditionnelles. Les ouvrages de L’homme et la matière, puis, Milieu et techniques qu’il publiera en 1943 et en 1945 doivent beaucoup aux documents enregistrés au Japon. Les événements de l’année 1939 le forcent à un inévitable retour en France, bouleversant des mois de travail. Mais il subsiste malgré tout cette importante documentation photographique encore utilisable de nos jours."

L'architecture rurale

Villages de paysans et de pêcheurs de l’île de Sado, Niïgata et champs autour du lac de Norjiri ( nord du département de Nagano ).

Lors du séjour d’André Leroi-Gourhan, le Japon est encore un pays en voie de développement : la base de son économie repose sur l’agriculture alors, qu’au bord de la mer, la pêche constitue une partie importante de la vie des villageois. En dehors des vues générales des hameaux ruraux, les photos de détails sont très caractéristiques de la vision d’André Leroi-Gourhan, indispensable à la technologie comparée.

Dans un village agricole, les toits sont faits de chaume. Autrefois en paille du riz, ils sont plus souvent, vers 1937 en paille de blé. Le chaume a, de nos jours, presque complètement disparu, avec le changement des façons à récolter et le remplacement des faucilles par des machines. Dans les villages de pêcheurs où l’on récolte pas de chaume, les toits sont constitués, par exemple, de planches de bois assujettis par des pierres.

L'architecture religieuse

La plupart des Japonais croient au bouddhisme mais ne manquent pas, en même temps, de respecter des divinités locales ( le kami); c’est une sorte de shintoïsme. Dans un village à la campagne, un temple bouddhiste (le tera) ainsi qu’un temple shintoïste (le jinja) se rencontrent souvent côte à côte. Les villageois vont dans le temple shintoïste à la naissance de leur enfant, et dans le bouddhiste pour la cérémonie funèbre.

Dans les temples bouddhistes, la maison (le kuri) où le moine vit avec sa famille est accolée au bâtiment central (le hondô). Le hondô est couvert par un grand toit en croupe, fait en tuiles. Seuls les temples assez important s possèdent des pagodes de trois à cinq étages.
Le portail d’un temple shintoïste (toriï) est constitué de deux poteaux verticaux qui soutiennent deux barres horizontales. Ici sont présentés deux temples célèbres à Kyoto, ceux de Heiän et de Yasaka (Giön).

La vie agricole

Ces photos ont été prises, pour la plupart, dans des hameaux situés autour du lac de Nojiri, au nord de Nagano.

Les chevaux servent au transport ainsi qu’à la culture (cheval de charrue). Ils sont remplacés par des bœufs dans certaines zones plus humides. Le chargement se fait, soit directement sur le dos des animaux, soit sur le chariot ou la charrette. Les chevaux sont donc extrêmement utiles et leur écurie est installée dans la maison même du maître. Aux environs des grandes villes, surtout sur de courtes distances, ce sont les hommes ou les femmes qui tirent les charrettes. Dans le département de Nagano, surtout dans des villages montagnards, l’élevage du ver à soie, qui apporte des fonds non négligeables, s’effectue dans la ferme, en complément de la culture du riz. Après la deuxième guerre mondiale, la vie agricole se transforme au Japon. Dans les années 70, l’introduction du gaz de propane comme combustible fait disparaître progressivement l’usage des bûches à la campagne, changement qui bouleverse les tâches quotidiennes de la cuisine et du chauffage.

La tombe d'un prince scythe (Kazakhstan)

L'exposition a été conçue et réalisée par André Pelle à l'automne 2000. L'auteur des textes et des légendes est Henri-Paul Francfort.
Les tirages photographiques ont été réalisés par Martine Esline (MAE, UMS 844).

Texte d'introduction d'Henri-Paul Francfort
"La Maison René Ginouvès, propose une sélection de photographies qui rendent compte de manière succincte et imagée de l'opération de fouille de Berel' dans l'Altaï au Kazakhstan oriental. Cette opération a occupé la MAFAC (Mission Archéologique Française en Asie Centrale : CNRS, UMR 7041 et Ministère des Affaires Etrangères) entre 1997 et 2000, en partenariat avec l'institut d'Archéologie Margulan du Ministère de la Recherche de la République du Kazakhstan et le Centro Studi Ricerche Ligabue de Venise (Italie). La MAFAC a travaillé en Asie centrale de longues années en s'attachant d'abord à l'étude des populations anciennes sédentaires des oasis agricoles irriguées de l'âge du bronze et du fer en Afghanistan, au Tadjikistan et au Xinjiang (Chine). Ensuite est venu le monde de la steppe, et son immense richesse en art rupestre, les pétroglyphes, qui, comme les tombeaux, parsèment les territoires qui furent habités et parcourus dans le passé par des populations qui furent, du chalcolithique à l'âge du fer, d'abord agro-pastorales et peu mobiles, puis pastorales et nomades. C'est à la lecture des comptes-rendus des découvertes russes dans l'Altaï, et au cours des recherches de terrain effectuées dans le Taklamakan depuis le début des années 1990 que s'est formées l'idée de chercher des vestiges organiques, biologiques mais pas seulement. Pourquoi ? Parce que l'étude des artefacts et ecofacts sous leur unique aspect minéral (imputrescible) introduit des biais importants dans nos interprétations des sociétés anciennes. Toutes choses étant égales par ailleurs, il est aussi faux de se contenter des restes minéralisés, pour comprendre, que de limiter comme on le faisait jadis, l'archéologie à l'étude des beaux objets. On a beau gloser sur les « exportations invisibles » (comprendre organiques : laine, cuir, aliments etc.), de la Mésopotamie vers le plateau iranien en échange des minéraux, rien ne remplace les véritables données. Et de même pour ce qui concerne les analyses torturées de nécropoles effectuées pour tenter de démêler les parentés entre les morts et les hiérarchies sociales : l'imputrescible distord les données. Cette opération visait donc à être un test sur des terrains favorables accessibles en Asie centrale, ceux qui fournissent les matériaux desséchés (Taklamakan) et ceux qui les livrent congelés (Altaï). C'est donc d'une archéologie de l'organique et du biologique, bref d'une archéologie du périssable dont il est question. En arrière-plan s »élabore une évaluation des distorsions interprétatives introduites par leur défaut de prise en compte (les tombes du Taklamakan seraient, avec peu de poterie et moins de métal, considérées comme fort pauvres sans les tissus, les vêtements, les fourrures, les aliments, les objets en bois, etc.), ainsi qu'une amélioration des techniques de collecte de ces données. Archéologie également de la couleur et des arts du bois, du cuir, du textile, mais aussi des corps ornés, peints ou tatoués, aux coiffures tressées, nattées, etc. on comprend ainsi que la paléo-génétique humaine, qui exerce parfois de grands prestiges au service d'hypothèses ethno-linguistiques controuvées, mérite que l'on s'y intéresse, mais en même temps qu'à la parasitologie, la bactériologie, la virologie, et aussi à la génétique de ces micro-organismes eux-mêmes, qui ont vécu, se sont reproduits et ont aussi muté, comme l'o fait les gènes des animaux domestiques et sauvages, et ceux des plantes de ces sociétés. Le programme est vaste et ne concerne pas qu'une discipline. Pourtant, la richesse d'informations contenue dans les transits alimentaires et des déjections ne doit pas nous faire négliger les productions symboliques et artistiques les plus élaborées en matériaux périssables, si importantes pour ces sociétés. Les photographies d'André Pelle montrent bien que le bois sculpté peut être plus important à regarder que la feuille d'or qui le rehausse mais l'oblitère parfois."

Présence d'affiches pour une autre exposition réalisée à partir des photographies de M. Pelle. Cette exposition intitulée "Fouille d'un kourgane au Kazakhstan" a été présentée à l'université de Paris X Nanterre entre le 22 janvier et le 2 février 2001.

La Nouvelle-Guinée

Dans le Jura français, des regroupements de villages fortifiés préhistoriques ont été observés autour de sources salées, suggérant un intérêt particulier pour le sel dès le Néolithique. Mais, en toute rigueur, il n'était pas possible de démontrer une véritable production de sel, en l'absence totale de structures ou de déchets d'évaporation en terre cuite. Avec Pierre et Anne-Marie Pétrequin (UMR 6249), nous nous sommes alors tournés vers les populations des Hautes Terres de Nouvelle-Guinée (Papua, Indonésie), cultivateurs de tubercules et éleveurs de porc, pour construire un modèle ethnoarchéologique (missions du MAEE 1994-1996). Il a été enrichi par une mission chez les Baruya, producteurs de grandes barres de sel très réputées chez les Anga (Papouasie Nouvelle-Guinée, 1995, resp. A. Coudart, UMR 8215).
Chez les Dani de l'Ouest (Papua), l'exploitation collective des sources salées, loin de leur territoire, est assurée par des expéditions de jeunes guerriers qui vont récolter des plantes sauvages spongieuses, les tremper dans l'eau de la source salée aménagée en bassin, puis les brûler et enfin conditionner le sel cendreux obtenu en pains agglomérés.
Chez les Baruya (PNG), l'exploitation se fait sur place à partir des cendres d'une plante à croissance rapide repiquée dans des zones irriguées par des ruisseaux bordés de sources fortement minéralisées. C'est le travail d'un spécialiste qui, par ses pouvoirs magiques et son savoir-faire technique pour les opérations de lixiviation, d'évaporation et de cristallisation, est reconnu comme tel. Il est le seul capable de fabriquer, dans un long fourneau à tunnel, de longues barres de sel blanc.
Dans les deux cas, l'exploitation du sel se fait sans utilisation de récipient, ni de terre cuite, et produit d'importantes accumulations cendro-charbonneuses qui ont été recherchées ailleurs, en Europe, aux abords de sources salées et identifiées au moyen de sondages profonds comme dans le Jura dès le Néolithique.

La Moldavie

Dans le Nord-Est de la Roumanie, au pied des Carpates orientales, on dénombre plus de 200 sources salées qui sont encore entretenues et utilisées de façon régulière principalement sous forme liquide. Plusieurs d'entre elles présentent des vestiges archéologiques d'exploitation remontant au Chalcolithique (Ve et VIe millénaires av. J.-C.), mais également dès le tout premier Néolithique (milieu VIe millénaire). L'exploitation actuelle de ces sources salées, en dehors de toute mécanisation, organisation économique et réglementation juridique, offre l'occasion rare, sinon unique en Europe, de mener des recherches ethnoarchéologiques dans des conditions proches, pour certains aspects, des sociétés préindustrielles.
Depuis 2003, nous menons (mission du MAEE et projet ID-CNCS) une prospection systématique de ces ressources et une série d'enquêtes aussi bien sur les sources salées, dans les villages que dans les bergeries. Ces informations ethnographiques de première main permettent aujourd'hui d'enrichir les hypothèses archéologiques autour des relations évidentes entretenues entre les émergences d'eau salée et les communautés sur divers aspects : chasse du gibier sauvage, modes d'approvisionnement, modes d'utilisation (alimentation humaine et animale, conservation des aliments et des fourrages, halothérapie, symbolique), organisation sociale des exploitations et des pratiques d'échange et de troc…

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