Aperçu avant impression Fermer

Affichage de 49 résultats

Inventaires
Expositions de la Maison René-Ginouvès, Archéologie et Ethnologie Sous-dossier
Aperçu avant impression Affichage :

2 résultats avec objets numériques Afficher les résultats avec des objets numériques

Vallée de la Bukhtarma

Cette vallée est connue de longue date. Elle offre le seul débouché de l'Altaï sur la steppe Kazakh. En outre, par un col, sa haute vallée permet de communiquer avec le plateau d'Ukok (2 500 m d'altitude).

La vallée est parsemée de nécropoles à kourganes de différentes époques. A Berel' même, le cimetière Scythe (Saka), a fait l'objet de quelques recherches avant notre travail. En 1865,le turcologue russe Radloff a ouvert le plus grand kourgane, y a découvert de maigres restes laissés par les pillards mais aussi 16 chevaux gelés, qui n'ont pas été étudiés et dont rien ne subsiste de nos jours, comme c'est le cas de tous les chevaux trouvés dans les kourganes de l'Altaï russe, sauf deux de Pazyryk qui sont conservés à l'Ermitage, imprégnés de produits de restauration et des morceaux de ceux d'Ukok à Novosibirsk. En 1958, Sorokin de l'Ermitage a repris la fouille du même kourgane et obtenu des informations architecturales sur la fosse et la chambre funéraire. A Ukok, en Russie, au début des années 1990, les archéologues de Novosibirsk ont fouillé des kourganes dont certains ont livré d'intéressants vestiges organiques gelés. La vallée de la Bukhtarma était donc potentiellement intéressante par la possibilité d'y trouver des tombes gardant des restes organiques gelés et des marques de ces grands échanges est-ouest qui ont parcouru les steppes avant l'arrivée des Grecs et des Han.

Fouilles des blocs gelés à Almaty

Cette préparation, en janvier-février 2000, avait pour but de fouiller les blocs afin de séparer les artefacts et les matériaux organiques et de préparer la suite des opérations :

  • Nettoyage et restauration des objets de bois, cuir, métal, textile, corne etc.
  • Analyses biologiques de toutes sortes sur les corps humains et équins convenablement étudiés et échantillonnés.
  • Reconstitution, encore en cours à l'aide des relevés précis, de chaque cheval avec l'ensemble de son harnachement, tel qu'il a été retrouvé, tel qu'il avait été déposé, tel, enfin, qu'il avait pu se présenter vivant.
  • Mêmes opérations pour les corps humains et leurs vêtements, parures etc : on a pu apprendre qu'ils avaient été victimes de parasitoses et d'autres maladies, que l'homme était mort d'un coup de pic d'arme porté sur le crâne, qu'il avait été partiellement trépané, puis émusclé, éviscéré, embaumé puis recousu avant d'être inhumé.

Les objets d'art scythe

Ce sont pour la plupart les éléments des harnachements des chevaux sacrifiés : guirlandes de pendeloques de cou ou de poitrail, ailes de mors, frontaux. Souvent ces guirlandes convergent de façon symétrique vers un élément central qui peut répéter le motif en détachant une partie en relief dans la troisième dimension. Ces ornements sont dorés à la feuille et étamés, mais l'étain a souvent disparu. Cependant, ce n'est qu'après les avoir dépouillés de l'or qui empâte la finesse du relief que l'on peut apprécier véritablement le travail des artistes.

Fouilles d'un kourgane gelé sur le site de Berel'

Cette fouille s'est déroulée sur le terrain en trois étapes : une reconnaissance et prise de températures pour sélectionner le Kourgane à fouiller ; une première campagne pour en sonder le potentiel, en particulier pour ce qui concerne la lentille de glace et les matières organiques qu'il pouvait recéler ; une troisième et dernière campagne au cours de laquelle il était indispensable de tout vider, sans la moindre possibilité de s'arrêter en cours d'opération. Pour maintenir la chaîne du froid, il a fallu parfois renoncer à la fouille classique et programmer une fouille en différé en découpant des blocs gelés à conserver au froid. Sur place il était nécessaire tantôt de garder le froid ou au contraire tantôt de dégeler pour ramollir, mais aussi d'humidifier le bois qui séchait vite, de prélever et nettoyer puis mettre au froid certains objets et fragments corporels, d'échantillonner et de tout relever aussi précisément que possible.

Commerce, religion, agriculture : des Nabatéens à l’Islam

Plus ancienne route de la Jordanie moderne, la « route des Rois » des biblistes et des guides touristiques , en réalité « route du Sultan » d’époque ottomane, emprunte le grand itinéraire caravanier nord-sud des Nabatéens de Bosra à Hégra. Dharih est précisément sur cet itinéraire, dont seule la route militaire romaine s’est un peu écartée. Au sein des ruines, la place occupée par le sanctuaire est considérable par rapport à celle des autres constructions : Dharih nous apparaît avant tout comme une halte religieuse sur un axe caravanier. Lors de la réoccupation antique tardive, d’abord chrétienne, le complexe religieux, devenu une petite église, est le centre d’un petit village. L’islamisation aurait pu ne jamais advenir, dans ce village abandonné au IXè siècle : mais de belles inscriptions arabes islamiques en coufique montrent la maîtrise des musulmans sur les lieux dès la fin du VIIè siècle. C’est sans doute à nouveau la position sur la grande route qui a joué. La localité, par ailleurs, n’aurait pu vivre sans le bon potentiel agricole de cette vallée du Laaban : sources, terres planes, rochers accueillants pour les pressoirs, qui ont permis à un village nabatéen puis nabatéo-romain de se développer sur les pentes au-dessus du sanctuaire.

Du bétyle d’al-Uzza à la chapelle de la Theotokos

Le temple de Dharih (22 m de long, 17 m de large, 15 m de haut) faisait partie d’un grand complexe : voie sacrée bordée d’un bain et d’un caravansérail, salles de banquets, puis deux grands parvis en enfilade, et un petit autel sacrificiel à côté du temple. Le tout fut bâti du Ier siècle au début du IIIè et fonctionna jusqu’au milieu du IVè. Un séisme (363) et la christianisation eurent raison du lieu de culte. La découverte en 1998-99 du décor sculpté, en partie intact, du couronnement de façade, a attiré l’attention du public et des musées : une architrave à rinceaux peuplés d’animaux, une frise où alternent figures du Zodiaque et Victoires qui les couronnent, un fronton aux centaures marins affrontés, couronnés par des Victoires en vol. Tout ce décor un peu pataud devait mettre en valeur une (ou deux ? ) divinité(s), peut-être féminine, trônant dans le tympan entre les valeureux ichthyocentaures. Mais, de cette al-Uzza, la grande déesse nabatéenne — proche de la syrienne Atargatis, et maudite par le Coran — ne subsistent que des fragments. À l’intérieur du temple, la divinité et ses parèdres étaient adorés sous forme de bétyles (pierres sacrées sans images). Au VIè siècle et au-delà, l’inscription grecque de l’église laisse penser qu’elle était consacrée à la Vierge.

Stucs et stèles, figures et cornes

Le décor sculpté, en partie victime d’un iconoclasme musulman assez tardif (après le milieu du VIIIè siècle), ne régnait qu’aux deux emplacements essentiels du temple : la façade, et la plate-forme (môtab) à bétyles surmontée de son kiosque à baldaquin. Ailleurs, le décor était stuqué et peint. Une petite partie du matériel des IIè – IVè siècles consiste en menus objets votifs. C’est du tout-venant, productions régionales aux formes un peu approximatives, ou importations pas nécessairement éblouissantes : Dharih n’est pas Pétra, qui n’est pas Alexandrie ! La brève époque chrétienne et la phase islamique précoce offrent surtout du matériel de la vie quotidienne, d’où émergent quelques objets de nature plus spirituelle, comme une peu commune amulette prophylactique « pour la salut de Georges, d’Elie et de Job ».

Maisons et huileries, hôtellerie et tombeau

Le village consiste en des maisons paysannes en pierres taillées : une ou deux cours, trois ou quatre pièces ; des arcs clavés sur jambes en pilastres portent des dalles de plafond en pierre. Une belle demeure, surplombant le sanctuaire, est beaucoup plus vaste ; elle abrite des bains chauffés, des salles de réception, des vestiges cultuels. C’est peut-être la maison de la famille du chef du district, le ra’s Aïn Laaban (chef de la Source du Laaban) signalé par une inscription nabatéenne. On soupçonne que l’unique tombeau monumental de la nécropole, construit vers 110 apr. J .-C. pour trente défunts, était l’ultime demeure des maîtres de cette grande maison. Toutes les autres tombes sont de simples fosses. La culture de l’olivier occupait déjà dans l’Antiquité la place majeure qui est la sienne aujourd’hui : plusieurs huileries sont assez bien conservées, échelonnées entre les Ier et VIè siècles apr. J.-C. Tout à côté du sanctuaire mais à l’extérieur de son enceinte, un bâtiment rectangulaire à plan compact reste mystérieux. Il avait deux niveaux. L’étage, complètement détruit, a livré quelques éléments de décor sculpté et stuqué ; le rez-de-chaussée à-demi enterré avait un hall central à piliers et une salle à manger à trois banquettes en pierres. On a pensé à une hôtellerie du sanctuaire, mais rien n’est moins sûr, car il y avait aussi, ailleurs, un caravansérail.

Les premiers travaux de José Garanger en Polynésie française (1963-1965)

José Garanger débuta ses travaux d'archéologie océanienne à Tahiti (Iles de la Société ) dans les vallées de la Vaitepiha et de la Vaiote où de nombreux pétroglyphes furent découverts. Il participa à des missions sur l'atoll de Rangiroa aux Tuamotu où trois marae furent restaurés. Ces travaux sont encore remarquables aujourd'hui par la méthode mise en œuvre : une fouille extensive de l'intégralité de la zone incluant les structures, et une prospection détaillée des secteurs adjacents. Grâce à cette méthode le chercheur obtint, dès les années 1960, des résultats marquants sur l'organisation spatiale, et au-delà sociale, des anciens Polynésiens.

Les travaux de José Garanger au Vanuatu (1964, 1966-67)
Les travaux réalisés au Vanuatu dans l'île d'Efate et dans le groupe des Shepherd apparaissent comme un exemple, toujours cité, de l'usage de l'ethno-histoire et de l'archéologie préhistorique. Selon les termes d'A. Leroi-Gourhan, J. Garanger a su conjuguer « l'ethnologie du présent et du passé » grâce à son approche spécifique du terrain archéologique. Là, il a démontré avec éclat que le décapage de grandes surfaces, dans des sites sépulcraux ou sacrés, était la meilleure méthode pour restituer la vision globale donnée par les récits de traditions orales et mettre en évidence les infimes détails oubliés ou volontairement occultés par les communautés.

Retoka (Efate, Vanuatu), fouille (1967) de l'ensemble sépulcral de Roy Mata

C'est le besoin d'authentifier les traditions orales qui occasionna les travaux de José Garanger sur l'îlot de Retoka et d'autres sites du centre du Vanuatu. Les travaux engagés démontrèrent la valeur historique des documents oraux, auparavant mise en doute, et le caractère complémentaire des disciplines ethnologique et archéologique « pour éclairer le passé océanien le moins ancien » (Garanger 1972).

La tradition indique qu'« à sa mort, il [Roy Mata] fut inhumé à Retoka », un îlot situé au large de la côte ouest de l'île d'Efate, peu accessible et inhabité à l'arrivée des Européens. La tradition dit encore que « son corps fut exposé dans les différents clans qui lui devaient allégeance, avant d'être transporté à Retoka. Une grande foule accompagnait sa dépouille. Une grande cérémonie, accompagnée de sacrifices, fut accomplie; qui dura plusieurs jours. Une partie de la suite de Roy Mata et des représentants de chaque clan furent enterrés vivants, ils étaient volontaires pour le suivre au pays des morts. Les hommes étaient alors inconscients, drogués par d'absorption d'une très forte dose de kava (Piper methysticum) , mais non les femmes. D'autres individus avaient été sacrifiés pendant la cérémonie funèbre. On dansa et l'on chanta puis Retoka fut déclaré "terre interdite " : nul ne pourrait plus y séjourner sans danger d'y mourir ». Le panneau présente en images les principaux résultats de la fouille archéologique qui offrent un parallèle remarquable avec le récit.

Légende du plan : Retoka (Vanuatu), plan montrant la répartition spatiale des défunts, auteur du plan inconnu.

Résultats 1 à 10 sur 49